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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VI.djvu/554

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au Parlement et son brillant enseignement à Turin, à Milan, à Florence, à Rome augmentèrent encore. À Rome, en ces dernières années, il avait ouvert un cours libre ; mais, partout ailleurs, il fut professeur de l’Etat, bien que député de l’opposition. M. Déprétis, chef du cabinet qui vint au pouvoir après le vote du 18 mars 1876, était son intime ami ; il le nomma sénateur.

Nous avons étudié ici son dernier ouvrage, expression la plus complète de ses idées (voir notre numéro de septembre 1876) ; nous nous bornerons à donner la liste de celles de ses productions que nous n’avons pas nommées ci-dessus. Ce sont : les Idées sur la politique de Platon et d’Aristote, Paris, 1842 ; — un Essai sur le principe et les limites de la philosophie de l’histoire, Paris, 1847 ; — Machiavel juge des révolutions de notre temps, ibid., 1849 ; — la Filosofla della Rivoluzione, Capolago, 1851 ; — Opuscoli litterarii e politici, Capolago, 1852 ; — Histoire des révolutions d’Italie ou Guelfes et Gibelins, Paris, 1856-58, en 4 volumes ; — Histoire de la raison d’Etat, Paris, 1860 ; — la Chine et l’Europe, leur histoire et leurs traditions comparées, Paris, Didier, 1867 ; — et enfin la Teoria dei periodi politici, Milano, 1874, que nous avons fait connaître à nos lecteurs dans ses traits principaux. On voit, par cette liste, que Ferrari a encore écrit en français après son retour en Italie.

A. Espinas.


N. Grote. Snovidenia kak predmet naoutschnago analisa.Les réves, comme objet d’analyse scientifique. Kiev, 1878.

M. Grote, professeur de philosophie au Lycée historico-philologique de Niégine, a choisi les rêves pour thème de sa thèse inaugurale. Il s’est rendu maître de toute la littérature ancienne et moderne ayant trait à ce sujet et donne dans son travail la synthèse qu’il croit pouvoir en tirer.

La théorie des rêves nous offre trois périodes bien distinctes :

La période préhistorique, pendant laquelle les hommes croient à la réalité objective de leurs rêves, — comme les habitants de la Nouvelle-Zélande, qui pensent encore que les choses rêvées existent réellement et ont été vues par l’âme, lorsque, laissant le corps dans sa léthargie impuissante, elle l’abandonne pour visiter d’autres lieux.

La période symbolique est celle qui caractérise la civilisation classique : les Grecs estimaient l’art d’expliquer les songes comme un don divin ; le moyen âge resta fidèle à ce symbolisme et y ajouta le mysticisme chrétien ; cette époque a encore aujourd’hui des représentants parmi les penseurs les plus distingués : Schelling considère les songes comme des révélations de l’âme cosmique ; Hartmann les prend pour des manifestations de l’inconscient ; l’anthropologiste Perty les définit : les actes magiques de la force commune à toutes les âmes.

Toutes ces manières de voir, dit M. Grote, tendent plus ou moins à