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penjon. — la métaphysique phénoméniste en angleterre

nom particulier (car le mot ontologie ferait croire à des spéculations touchant une substance absolue, et nous ne connaissons que des phénomènes), quelle est cette méthode de réflexion dont l’emploi est particulier à la métaphysique ? Elle consiste essentiellement dans l’exercice d’un mode de la conscience, et il importe de distinguer les différents modes de cette faculté. M. Hodgson compte trois modes de conscience et remplace par cette division la division ordinaire des facultés de l’âme. Il y trouve l’avantage de donner à l’ensemble de la philosophie plus d’unité. Nous n’avons plus à nous occuper d’un esprit, d’une substance immatérielle, douée de pouvoirs divers et irréductibles, que l’on ne peut pas expliquer eux-mêmes, mais qui, avec l’esprit, servent à rendre compte de la genèse de tous les phénomènes de conscience et à les classer. Il n’y a plus qu’un large courant de faits, donnés par l’observation, analysés par l’expérience et rapportés à l’un ou à l’autre de ces trois modes : la conscience primitive (primary), la conscience réfléchie et la conscience directe.

Nous avons d’abord à bien définir la conscience primitive qui s’exerce avant la conscience réfléchie pour savoir en quoi consiste le mode réfléchi lui-même.

« Chacun sait le sens de ces mots : je me connais comme ayant des sensations et des pensées, en présence d’objets qui m’environnent. Cet état total de l’esprit contient clairement l’objet qu’il faut analyser, le moment même de la conscience de soi. Je remarque d’abord qu’il y a trois choses dans cet état, la personne qui a les sensations et les pensées, les objets qui l’entourent, et enfin les sensations et les pensées elles-mêmes.

« Maintenant, c’est un fait d’observation que les enfants ont des sensations et des pensées sans se percevoir eux-mêmes comme personnes. Il peut y avoir une série de sensations et de pensées dans ce qui est ensuite perçu comme une personne, sans que le sujet se les attribue comme à leur possesseur. Une série de sensations et de pensées est donc une condition de la perception de soi-même et peut exister indépendamment de cette perception.

« Mais il n’est pas aussi évident que cette série de sensations et de pensées puisse exister indépendamment de la perception de l’autre membre de notre analyse, les objets qui nous entourent, et comme une condition de cette perception. On soutient volontiers que les objets sont, comme tels, immédiatement perçus, en ce sens qu’aucune sensation et qu’aucune pensée ne peut exister sans être rapportée à un objet ; plus tard, il est vrai, la personne, le sujet, prend la place de l’objet relativement à certaines sensations (sentiments) et à certaines pensées qui sont alors dites purement subjectives.