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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VI.djvu/595

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penjon. — la métaphysique phénoméniste en angleterre

parties unies par une pensée ; mais c’est un percept complexe seulement, tant qu’on le regarde comme une chose isolée, non encore reliée par la pensée aux autres percepts. Le percept est donc un état de conscience plus rudimentaire que le concept ; l’analyse découvre les simples percepts au dernier degré des choses d’expérience ; un concept inachevé est un percept, plus l’intention de le rattacher à un autre percept, et un simple concept achevé est la connexion d’au moins deux percepts. La perception peut être ainsi regardée comme une fonction primitive (primary) dont la conception est un dérivé et un dérivé d’un certain genre.

« Lorsque la réflexion apparaît pour la première fois, elle apparaît comme une perception complétant une conception qui appartient à la conscience primitive. C’est la perception du double aspect dans ce qui était jusqu’alors exempt de distinction. Un mouvement commencé dans la conscience primitive s’achève dans la conscience réfléchie par l’observation d’un nouveau caractère dans ce que nous appelons, après cette observation, l’objet de cette conscience. La conscience primitive finit par une conception, qui est aussi, dans son achèvement, le commencement de la conscience réfléchie, et la première perception de celle-ci. En tant que perception, son contenu peut être exprimé par une proposition dont le sujet et l’attribut ont la même extension et qui peut être convertie. Toutes les propositions dans lesquelles le sujet peut se mettre à la place de l’attribut ne sont pas des jugements de réflexion, dans le sens où nous l’entendons ici… » On montrerait aisément le même rapport entre la conscience réfléchie et la conscience directe. Il n’y a rien dans la conscience réfléchie qui ne soit en puissance dans la conscience primitive, ni dans la conscience directe qui ne soit en puissance dans la conscience réfléchie. La réflexion présuppose la conscience primitive et y trouve sa limitation, comme la conscience directe présuppose de la même manière la réflexion. « Mais la limitation n’est pas du même genre dans les deux cas. La conscience primitive est une pure matière, ὕλη, pour la conscience réfléchie ; mais celle-ci est pour la conscience directe une loi, « une loi qui ne peut être transgressée, nous le savons lorsqu’une fois l’analyse philosophique nous en a révélé l’existence, une loi à laquelle, nous le voyons alors, les hommes ont toujours obéi, sans le savoir. »

De la même manière la perception impose sa loi à la conception ; il n’y a rien dans celle-ci qui ne soit en puissance dans celle-là, et c’est là le véritable sens du mot d’Aristote répété par Locke : Nihil in intellectu quod non prius in sensu.

« Aussi la fonction primitive, la perception, dans le mode réfléchi