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les trois idées transcendantales dérivant des trois formes du raisonnement, lorsqu’il regarde la représentation que nous avons du monde comme une idée, au sens kantien de ce terme ? Sur l’âme, sur la finalité, il y aurait également des objections à lui présenter. Mais il n’y a qu’à louer dans ce qu’il dit de l’idée de la liberté et dans la manière dont il fonde l’éthique sur cette idée. Il démontre supérieurement t que la théorie de l’expérience, loin de supprimer la possibilité d’une critique, non-seulement en permet, mais en exige l’établissement. » Il n’est pas moins heureusement inspiré par Kant, lorsqu’il combat les systèmes qui prétendent fonder la morale sur la psychologie, comme font les Anglais. En résumé, ce nouveau travail de Cohn est une réponse décisive aux Kantiens de l’extrême gauche, aux disciples de Lange par exemple, qui veulent tirer de la doctrine critique la justification de leur scepticisme.

Schuppe : Die Entstehung der Gesichtswahrnehmung (Essai de solution d’un problème de psychologie physiologique, par Ueberhorst ; Göttingen, Vandenkoech und Ruprecht’s Verlag, 1876).

Ueber Wahrnehmung, par Heinrich von Stein. Berlin, C. Duncker, 1877.

Schuppe, malgré d’importantes réserves, fait l’éloge du premier de ces ouvrages. La science du physiologiste n’y fait aucun tort à la finesse du psychologue et au sens critique du philosophe.

L’étude de Stein touche, malgré sa brièveté, à tant de questions diverses et étrangères au sujet annoncé par le titre, elle est si mal composée et si obscurément écrite, qu’il est à peu près impossible d’en faire l’analyse.

Neuhauser : La doctrine d’Aristote sur le sens externe et sur le sens interne de Baeumker. Leipzig, 1877.

Estimable travail, que consulteront avec fruit tous ceux’qui s’intéressent à la psychologie péripatéticienne.

VIIIe et IXe livraisons.


Eugken : Nicolas de Cusa.

Dans cette savante et très-intéressante notice, les rapports de la philosophie du cardinal de Cusa avec celle de Leibniz sont mis en pleine lumière. Cusa a sans doute bien des traits communs avec Spinoza. Il doit trop aux néoplatoniciens pour qu’il en soit autrement. L’immanence divine, l’harmonie universelle, le prix infini de l’individu, l’évolution progressive des choses, la résolution de toute réalité en forces intellectuelles : tels sont les principes qui dominent la philosophie de Cusa.

J. H. Witte : Die Lehre vom subjectiven Antheile des Geistes an allem Erkennen und der Apriorismus.

Savants et philosophes se disent, à l’envi, kantiens, et croient tous également plaider la cause du subjectivisme critique, parce qu’ils s’accordent à reconnaître, à étendre même la part du sujet dans la connaissance des choses extérieures. Mais le sujet est un terme vague, qui