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(comme élément formel) la durée, à laquelle s’ajoute, dans certains cas, l’étendue superficielle. C’est à la psychologie de rechercher par quoi sont produits ces états et à les mesurer, à en étudier, en un mot, la genèse, l’histoire. La philosophie analytique en étudie la nature.

Nous avons considéré le minimum de conscience, la portion la plus petite possible de cette suite de sensations ; considérons maintenant cette suite elle-même, pour en voir les caractéristiques, ce qui la constitue comme une suite. Nous rencontrons deux problèmes distincts : Quelle est la nature du lien qui rattache à un présent empirique un passé ou un futur empiriques ? C’est le problème de la mémoire. Quelle est la nature de la séquence des états empiriques d’une conscience en général ? C’est le problème de l’association.

Dans la série d’états différents qui se succèdent en nous, quelques-uns nous apparaissent comme des répétitions d’états antérieurs. Comment nous assurer que ce sont des répétitions en effet, et que l’état actuel est bien celui où nous avons déjà passé ? D’abord, en quoi consistent ces répétitions ? Prenons un exemple : j’ai l’impression actuelle d’avoir eu froid il y a une heure et demie. Il y a là en réalité deux représentations du froid, simultanées dans la conscience, accompagnées chacune d’environnants (surroundings) différents, c’est-à-dire de la notion de ce que l’on appelle le moment actuel et de la notion de ce que l’on appelle l’intervalle d’une heure et demie. Ces deux représentations du froid ne se distinguent pas en qualité, mais seulement par la notion de temps : l’élément matériel reste le même, l’élément formel seul a changé, et l’acte de la mémoire se ramène à superposer ainsi deux sensations dont les environnants seuls diffèrent. C’est la continuité et la discontinuité, tout ensemble, de l’élément formel, qui, à la fois, unissent et séparent les portions empiriques du cours des états de conscience, qui sont à la fois la condition de la ressemblance et de la différence de ces parties. Sans la continuité de l’élément formel, les états empiriques de conscience, à supposer qu’ils existent, ne seraient point les parties d’un tout unique, et, sans la discontinuité du même élément, ils se confondraient dans le chaos.

Les répétitions, dont nous parlons, se produisent parce que le processus nerveux quia favorisé une présentation se renouvelle sous l’influence d’un nouveau stimulant interne ou externe ; dans les deux cas, les deux processus nerveux se superposent et sont exactement semblables quant à la qualité de la sensation qu’ils amènent. C’est là une petite digression dans le domaine de la psychologie ; or, en psychologie, c’est-à-dire quand il s’agit de faire l’histoire des états de