phénomènes auquel s’applique l’axiome. Dire que le cours de la nature est uniforme, c’est dire simplement que la nature présente une suite de faits et que cette suite est réglée. Une seule exception à cette vérité nécessaire ferait supposer que le cours de la nature dans son ensemble pourrait être un objet de pensée sans être conçu comme une chose unique et déterminée ; mais peu importent les phénomènes qui forment ce cours.
Sed tempus lustrare aliis Helicona choreis,
Et campum Hæmonio jam dare tempus equo.
Telle est la citation de Properce par laquelle M. Hodgson commence son dernier chapitre, intitulé : Le monde visible et le monde invisible. Il suppose que ses lecteurs seront venus tout droit à ce dernier chapitre, il le craint ; il regarde en effet la lecture de l’ouvrage entier comme nécessaire à l’intelligence de cette conclusion. C’est la même chose, dit-il, de demander si une branche constructive de la philosophie est possible et de demander si le temps, l’espace, les postulats de la logique et l’axiome de l’uniformité ont une valeur universelle et nécessaire. Mais c’est assez que, de ces cinq éléments de construction, un seul ait cette valeur, car nous avons par là un moyen de connaître qui vaudra autant pour le monde invisible que pour le monde visible. Il fallait donc résoudre d’abord les problèmes que nous avons successivement examinés. Mais la question est moins, en réalité, de savoir ce que nous pourrons connaître de ce monde que celle de savoir si nous pourrons en connaître quelque chose, et, alors même que ce quelque chose serait peu de chose, ce serait encore beaucoup.
Le monde visible et le monde invisible, d’après tout ce qui précède, constituent l’un avec l’autre l’univers. On doit donc se demander comment il se fait qu’il y ait entre eux une ligne de démarcation, ou comment le monde invisible peut être considéré comme réel. C’est ici que le principe de réflexion va nous servir et nous prouver toute son importance. « Le monde visible correspond au mundus sensibilis et intelllgibilis de Kant. Il contient tout ce qui est ou peut devenir un objet de perception et de pensée directes pour des êtres constitués comme le sont les hommes. Le monde invisible contient tout ce qui est ou peut être un objet de perception et de pensée réfléchies pour des êtres constitués comme les hommes, si en même temps cet objet est ou peut être un objet de perception et de pensée directes pour des êtres autrement doués. »
C’est donc la distinction établie plus haut entre la conscience directe