mot considéré comme un tout et pris comme signe ou symbole d’un groupe d’associations. Chez celui qui sait lire, sans en avoir une grande habitude, ce n’est plus chaque lettre, mais chaque mot qui produit une désintégration consciente, immédiatement remplacée par celle du mot suivant ; il n’a plus conscience de la désintégration partielle produite par chaque mot, car elle passe trop vite et trop facilement à la phase réintégrative dont résulte l’intelligence du sens de la phrase, prise comme un tout, et considérée comme l’expression d’une série d’associations plus complexes. Enfin, chez celui qui non-seulement sait lire couramment, mais qui est très-familier avec le sujet de sa lecture, la même chose arrive par rapport aux phrases entières : la désintégration consciente produite par chacune d’entre elles passe, à force d’exercice et d’habitude, si rapidement et si facilement à la phase de réintégration, qu’il n’en a pas conscience. Mais il a conscience de la désintégration extrêmement complexe que l’impression des phrases qui se suivent, communique avec une rapidité et une facilité extraordinaires à d’autres éléments nerveux, et ainsi de suite. Tout en lisant, il réfléchit au sens de ce qu’il lit, c’est-à-dire que sa conscience se manifeste tour à tour dans les éléments ou les groupes d’éléments nerveux que la marche des associations met en branle, et s’éteint au fur et à mesure dans ceux qui ont communiqué à leurs voisins la phase désintégrative, pour passer eux-mêmes à la phase réintégrative du processus cérébro-psychique.
À chaque instant de notre vie, chacune des innombrables cellules nerveuses qui sont appelées à agir, et qui ont été une fois intégrées selon le type évolutif de l’organisme auquel elles appartiennent, oscille sans cesse entre la désintégration et la réintégration, entre la conscience et l’inconscience. La cénesthésie totale, personnelle ou impersonnelle, que nous avons à un moment donné, est la somme ou la résultante des phases désintégratives conscientes de toutes ces activités partielles. La conscience (c’est de la conscience en général qu’il s’agit ici, et non de la conscience du moi) est continue, grâce en partie à la continuité du processus de désintégration fonctionnelle et à ce que les états de conscience, tout en passant d’un groupe d’éléments centraux à un autre, sont toujours reliés entre eux par telle ou telle autre forme d’association, et sont, à ce point de vue, réellement la continuation les uns des autres ; et, en partie, grâce à la reviviscence d’états de conscience passés, inconsciemment consolidés ou rendus latents par la réintégration, et dégagés de nouveau, dès qu’une onde de désintégration vient les tirer de leur léthargie. Ce sont ces nombreuses vibrations et revibrations isolées qui se fondent en cet accord uni-