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males ou végétales dépend, nous dit-il, d’une façon générale des exigences de la cellule protoplasmique.

« L’organisme est construit en vue de la vie élémentaire. Ses fonctions correspondent fondamentalement à la réalisation en nature et en degré des quatre conditions de cette vie, humidité, chaleur, oxygène, réserves. »

D’autre part, la subordination des parties à l’ensemble est la condition même de la conservation de la forme chez les animaux et les plantes : l’architecture qui leur est propre, le plan morphologique qu’ils réalisent dans leur développement évolutif, qu’ils conservent et réparent continuellement en sont une preuve qui éclate aux yeux. Cette dépendance n’est nullement contradictoire à l’autonomie de l’élément : car, lorsqu’avec Cl. Bernard et Virchow nous en étudions les circonstances, nous voyons que sans forcer sa nature l’élément s’accommode au plan organique. Il se comporte dans sa place naturelle comme il se comporterait ailleurs, si ailleurs il rencontrait autour de lui le même milieu liquide à la fois excitant et nourricier. C’est au moins la conclusion que permettent les expériences de transplantation ou de greffe animale et végétale. Les éléments voisins, l’ensemble n’agissent pas à distance par une sorte d’induction incompréhensible pour régler l’activité de l’élément que nous considérons : ils contribuent seulement à lui fournir un certain milieu dont la constitution physique et chimique très-particulière pourra être imitée par les artifices de l’expérimentateur. Le jour où ce résultat sera atteint, l’élément anatomique vivra dans l’isolement comme il vit dans l’association organique, et le lien mystérieux qui le rend solidaire du reste de l’économie deviendra intelligible. On pourra, à la vérité, reculer bien loin dans l’avenir l’échéance de cette prophétie ; mais encore prouve-t-elle que Cl. Bernard n’a nullement laissé dans l’ombre cet arrangement, cette ordonnance vitale, ce consensus unus, concursus unus, conspiratio una, qui est le principal article du symbole vitaliste.

Le sentiment naît assez naturellement chez un philosophe qu’une cause dirige, comme par un dessein calculé, ce concert des parties : mais il aurait tort de donner à cette cause directrice, le nom et les attributs d’une cause efficiente et de l’appeler force vitale. L’observation, en effet, nous montre un plan, sans nous permettre de saisir jamais un agent spécial d’exécution : elle nous suggère seulement l’idée d’une influence législative, qui, impliquée dans toutes les manifestations vitales, ne peut servir d’explication pour aucune, et qui échappe par ces deux raisons à la science. Aussi Cl. Bernard ramène-t-il cette cause directrice, égarée un moment parmi les agents phy-