mentale de la musique, c’est la gamme des sons. Les intervalles entre les sons isolés peuvent être calculés exactement par voie empirique ; or, si l’on réussissait à priori à trouver pour ces intervalles des valeurs qui s’accordent avec les valeurs déterminées par voie empirique, on aurait la meilleure preuve que la théorie construite à priori est bonne, puisqu’elle s’accorde avec des faits réels et qu’elle les explique clairement. La théorie de la musique gagnerait aussi infiniment à cette confrontation, car on saurait alors non-seulement que ces intervalles existent, mais on connaîtrait également la raison psychologique qui fait que ces intervalles ne peuvent être autres qu’ils sont.
Qu’on n’aille pas croire cependant que ces formules psychologiques de Herbart n’ont de valeur réelle que dans la sphère de l’harmonie. Zimmermann a fait la juste remarque que la psychologie embrasse un horizon beaucoup plus vaste, tandis que la musique n’est qu’une partie secondaire de cette science prise dans toute son étendue. Les intervalles de la musique servent seulement à prouver la solidité des principes psychologiques, de même que l’existence d’un corps céleste à un point de l’espace indiqué d’avance sert à confirmer l’hypothèse qui fut la base du calcul[1]. Mais la science, encouragée par cette confirmation, procédera désormais avec plus de confiance à l’application de ses formules à des questions infiniment plus importantes.
Herbart considère comme une des questions principales de la psychologie le jugement esthétique, et il essaye de déduire les lois fondamentales de ce jugement de ces mêmes formules psychologiques, qui sont confirmées par la théorie de l’harmonie. Ces formules doivent non-seulement nous expliquer pourquoi nos idées musicales ne peuvent être autres qu’elles sont en réalité, mais elles ont à remplir une tâche plus difficile encore, celle de nous prouver aussi la solidité de notre jugement esthétique. Si nous considérons maintenant que c’est sur le jugement esthétique et sur certaines relations esthétiques, mais primitives, de la volonté, que repose la philosophie morale de Herbart, de même que la théorie de l’harmonie repose sur certaines relations primitives des tons, nous serons forcés de convenir que le rapport de sa philosophie morale avec cette théorie est tout aussi visible que l’a été celui de la psychologie.
Observons maintenant brièvement, en suivant le fil de la dissertation de Zimmermann, la méthode employée par Herbart pour
- ↑ Einfluss der Tonlehre, p. 7.