Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VII.djvu/527

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
521
straszewski.herbart, sa vie et sa philosophie

musique sur la psychologie de Herbart, par une courte comparaison de sa doctrine psychologico-musicale construite à priori avec la théorie empirique du même genre de Helmholtz[1]. Il nous fait observer que Herbart considère les sons comme des sensations simples et semblables aux représentations, en cela qu’elles se laissent diviser en parties égales et parties contraires dans notre pensée. Elles s’accordent et s’unissent à raison de leur égalité, de même qu’elles s’arrêtent et s’opposent réciproquement à raison de leur contradiction. Il en résulte que, tout simples et incomplexes que soient les sons , leur action est telle, que s’ils étaient composés. — Or, selon la théorie de Helmholtz, les sons se composent effectivement de sons partiels ; quant au nom et au caractère du son, ils dérivent du plus bas des sons partiels, qui est en même temps le plus fort. Helmholtz appelle ce son fondamental (Grundton), et les autres sons, supérieurs ; l’harmonie, ou la discordance réciproque des sons, dépend, selon Helmholtz, du rapport mutuel des sons supérieurs. Les sons rapprochés forment des ondulations, par lesquelles l’harmonie est troublée, et le manque d’ondulations est une condition de consonnance, tandis que chez Herbart c’est le manque de contrainte à l’union ; car l’harmonie des sons augmente à mesure que l’antagonisme est arrêté plus fortement, et la contrainte à l’union devient par conséquent plus faible. Cependant, malgré cette différence apparente qui sépare la théorie de Herbart de celle de Helmholtz, il n’est pas aussi difficile qu’on le pense de découvrir entre elles quelques points de conciliation.

Il suffit seulement de rejeter l’opinion de Herbart sur l’indivisibilité des sons, de les considérer avec Helmholtz comme réellement composés, et de changer le manque de contrainte à l’union en manque d’ondulations des sons supérieurs. — Parmi les adeptes de Herbart, c’est le professeur Zimmermannqui, dans son Esthétique[2], a affirmé avec le plus de précision que les sons doivent être considérés comme des complexus de sensations ; d’autres cependant ont contribué aussi à ce progrès important. — Notre intention n’est pas toutefois de nous occuper plus longtemps de cette question ; il ne nous importe pas de savoir jusqu’à quel point la doctrine de Herbart est durable, mais d’exposer à nos lecteurs le fait constaté par Zimmermann, que la théorie de la musique a exercé une influence décisive sur l’affermissement des principes d’une nouvelle psychologie dans l’esprit de Herbart. Cette influence s’est manifestée d’une

  1. Einfl. der Tonlehre, p. 25, 32.
  2. Æsthetik als Formwissenschaft, Wien, Vorr. ix u. S. 43 u. ff.