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esprit, peut témoigner d’un fait objectif dans l’univers au delà de ce qu’en témoigne l’expérience. »

On le voit, chez M. Dupont-White la vue première de l’esprit ne manque pas de pénétration. S’il veut bien se souvenir qu’à son gré .« les révélations de l’instinct sont souvent plus sûres que celles de la raison (p. 303) » , il me permettra de dire de son ouvrage, pour conclure, qu’il témoigne d’un instinct philosophique souvent heureux.

Darlu.

D’ Alessandro Herzen. — La Condizione fisica della Coscienza (Reale Accademia dei Lincei). Rome. In-4°.

Ce mémoire contient quatre parties : position du problème, formule de la loi physique de la conscience, conséquences, conclusion. La partie la plus originale de ce travail a été exposée ici même par l’auteur (tome vii, p. 353). Il suffit d’en rappeler les principes essentiels.

Faut-il, avec Maudsley, voir dans le réflexe spinal le type auquel toutes les actions de l’encéphale sont réductibles, en sorte qu’il n’y ait partout qu’un mécanisme organisé et que la conscience ne soit qu’un accident ? Faut-il, avec Lewes, prendre pour type l’état cérébral conscient et supposer que la conscience existe, quoi qu’avec des degrés divers, dans tous les centres nerveux, même les plus humbles ? M. Herzen n’admet ni l’omni-absence ni l’omni-présence de la conscience : il croit que la vérité est dans la synthèse de ces deux opinions radicales. Rattachant la conscience au fait fondamental de la vie des éléments nerveux, il pose en principe : 1° qu’elle accompagne la désintégration de ces éléments, mais n’accompagne jamais la période d’intégration ou de réintégration ; 2° que son intensité est en raison directe de l’intensité de la désintégration et en raison inverse de la rapidité ou de la facilité de la décharge.

Telle est, pour lui, la condition physique de la conscience. Mais. cette loi, que l’auteur a établie pour la couche corticale des hémisphères cérébraux, est-elle applicable aux centres subordonnés, aux centres sensori-moteurs (couche optique, corps striés, etc.) et à la moelle ? C’est ce qu’il examine dans le mémoire qui nous occupe.

Si, conformément à la loi ci-dessus énoncée, la conscience accompagne toute désintégration des centres nerveux, il s’ensuit qu’elle doit se produire sous une forme quelconque dans les centres nerveux inférieurs, puisque les processus vitaux s’accomplissent dans les ganglions sensori-moteurs et dans la moelle, comme dans l’écorce du cerveau. L’auteur est donc amené à dire comment il conçoit la conscience dans ces centres et sur quels faits il s’appuie pour nous en donner une idée.

Commençons par le degré le plus bas. M. Herzen attribue à la moelle épinière « une conscience élémentaire, impersonnelle et inintelligente, »