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straszewski. — herbart, sa vie et sa philosophie.

resserrer les liens de sa métaphysique avec les sciences naturelles qu’avec la théologie. C’est pourquoi il fait une critique des idées suggérées par l’expérience, et considère comme but principal de la métaphysique d’écarter les contradictions qu’elle renferme, ainsi que de rechercher une conception véritable du monde, de l’esprit et de l’être. Il a consolidé et développé ici ce que Kant n’avait fait qu’effleurer dans ses paralogismes et antinomies de la raison pure. Il ne suffit pas à la métaphysique, ajoute Herbart, de dévoiler les contradictions d’un certain nombre d’idées ; il lui faut embrasser toutes celles que l’expérience a conquises et, après y avoir découvert des contradictions, les en délivrer absolument. Quant aux idées religieuses, c’est un terrain qui ne lui appartient pas et qui lui refusera toujours des résultats exacts. Mieux vaut donc qu’elle l’abandonne à la tradition, à la coutume, voire même à la fantaisie. La philosophie pratique peut rendre infiniment plus de services à la religion que la philosophie théorétique ; celle-ci ne lui viendra en aide que médiatement, en démontrant que le spinozisme, et l’idéalisme n’ont aucune raison d’être.

Les mérites de Herbart en métaphysique se laissent formuler, d’après Drobisch, en quatre points principaux :

1° Herbart pose la définition de l’être en soi d’une tout autre manière que ne le fait Kant, et conçoit l’être des choses comme une position absolue dans l’entendement humain, indépendante de notre esprit.

2° Herbart soutient, contre l’avis de Kant, que les catégories de l’entendement ne sont pas imposées aux choses par nous, mais nous le sont par elles et résultent des rapports absolus des êtres entre eux et avec nous.

3° Herbart introduit une liaison étroite entre la métaphysique et les sciences naturelles, en lui assignant comme but principal la critique des idées conquises par l’expérience.

4° Il impose des bornes à la spéculation métaphysique en retranchant de son domaine les vérités religieuses, auxquelles elle ne peut rendre que des services médiats.

Avant de réfléchir sur l’importance véritable de ces principes, écoutons Drobisch sur les résultats obtenus par Herbart dans les autres branches philosophiques et spécialement dans la philosophie morale. Ici encore, il lui attribue le développement et la continuation de l’idée primitive de Kant.

Herbart considère aussi l’éthique comme une science prescrivant des règles à la volonté humaine et ayant pour objet l’appréciation du bien, du droit et des préceptes moraux, pris comme valeur absolue