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dictions limitrophes. Aussi ne doit-on pas s’étonner de voir M. Mac Cosh en porter le nombre à huit : 1o la loi d’identité : le même est le même ; 2o la loi de contradiction : il est impossible qu’une même chose soit et ne soit pas en même temps ; 3o la loi du milieu exclu ; 4o le principe d’égalité : des choses qui sont égales à une même chose sont égales entre elles ; 5o le Dictum d’Aristote de omni et nullo ; 6o les principes d’attribution : tout attribut implique une chose dont il est l’attribut ; 7o la loi de division, qui, avec le Dictum d’Aristote, préside aux raisonnements disjonctifs ; enfin 8o les principes du tout et des parties : ce qui est vrai du tout est vrai de chaque partie ; les parties constituent le tout.

Nous aurions souhaité que M. Mac Cosh s’expliquât plus complètement sur les circonscriptions distinctes de chacun de ces principes. Ces lois sont-elles simplement coordonnées les unes aux autres ? ou bien les dernières, par exemple, sont-elles subordonnées aux premières ? Le principe d’identité de contradiction et celui du milieu exclu sont-ils, comme l’ont pensé les anciens logiciens, d’une application absolument universelle, et est-ce sous leur garantie que s’exercent les principes d’égalité et d’attribution ? La question vaut la peine d’être examinée et résolue. Selon la solution qu’on en donnera, l’unité de la pensée sera confirmée ou compromise. M. Mac Cosh estime peut-être que les trois principes d’identité, de contradiction et du milieu exclu président à toutes les démarches de la pensée discursive, qu’elle opère sur des notions abstraites ou sur des notions générales ; mais on est en droit de lui demander comment les principes régulateurs des jugements substitutifs et des jugements attributifs s’y adaptent et en dérivent sans en altérer l’universalité.

Malgré ces quelques critiques, l’ouvrage de M. Mac Cosh n’en est pas moins l’œuvre d’un esprit pénétrant, méthodique et simplificateur, et il nous semble une pièce importante, propre à hâter la solution du grand procès ouvert par Hamilton et encore pendant parmi les logiciens.

Louis Liard.