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thodes, la science aura atteint son but. Mais, quant à la construction (Ausbau) des formes esthétiques, ces méthodes ne peuvent la donner. La méthode métaphysique elle-même ne peut déterminer que le rapport des formes entre elles, mais non la vie qui anime chacune de ces formes, le pouls qui bat à l’intérieur (pulsiren Leben). La force impulsive qui réside en elles et les accompagne dans les phases de leur développement lui échappe. Et cependant nous sentons le besoin de cette explication. « C’est elle qui doit faire des faits esthétiques un grand tout plein d’unité, dont les membres se correspondent, en un mot un individu organique. » (Introd.)

Ou voit maintenant le sens que l’auteur attache au titre de son livre et la pensée qui a présidé à sa composition.

Or, pour nous, le problème qu’il a essayé de résoudre n’est ni plus ni moins que le problème le plus élevé de la métaphysique. Si l’on en doute, on n’a qu’à lire ce qui suit :

« Cela nous conduit à reconnaître la nécessité d’une physiologie du beau dont le problème est, par la recherche de son processus de formation (Bildungsprocessus), de transformer la juxtaposition des faits esthétiques en une pénétration intime et réciproque, et d’en créer une forme unique en soi parfaite et complète. Comme dans les autres domaines de la nature, nous devons également connaître la vie intérieure des formes particulières pour comprendre la pensée intime des parties individuelles. » (P. 121.)

Nous le demandons, n’est-ce pas une œuvre de synthèse que l’auteur maintenant nous annonce au lieu d’un travail d’analyse qu’on était en droit d’attendre de ses premières paroles ? C’est en effet ce que confirme parfaitement la lecture du livre tout entier dont nous avons à rendre compte.

Rien de plus systématique qu’une telle entreprise. Si on la suit dans la manière dont elle est conduite, si l’on parcourt les différents chapitres consacrés aux questions qui y sont traitées, on verra combien la méthode est opposée à celle qui constitue une véritable analyse, combien elle est peu propre à atteindre ce but qu’il annonce, celui de reproduire la vie dans les formes du beau et de l’art. On reconnaît bien plutôt un disciple des anciennes écoles, un hégélien attardé qui ressuscite les vieilles formules, en invente et en forge de nouvelles. Selon nous, le grand défaut de l’auteur est de se complaire dans une terminologie abstraite et obscure souvent inintelligible, et, sous prétexte de marquer les degrés ou les stades du développement des formes esthétiques, de tracer lui-même des divisions arbitraires et artificielles. Rarement il prend la peine de motiver ou d’expliquer ce qu’il avance. Il est aussi beaucoup trop avare d’exemples et de descriptions propres à légitimer ses définitions et ses distinctions. En un mot, nous suivons un guide qui, au lieu de nous mettre en face de la vie, nous fait traverser un royaume des ombres.

Ce que nous lui reprochons surtout, avec l’abus du formalisme, c’est