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ANALYSESsiebeck. — Ueber das Bewusstsein.

profitable au public d’exposer et d’apprécier les essais psychologiques des Wundt, LoLze, Lazarus, Gaspari, Horwicz, Fechner, etc. Il sera même permis de s’étonner que M. Harms, au lieu de mentionner les idées vives et fécondes de ses philosophes favoris, ait préféré remettre en question leurs conceptions les plus contestées ou les plus abandonnées de l’esprit philosophique actuel.

Le livre de M. Harms servira peu aux psychologues métaphysiciens ; et il n’est point propre à satisfaire les esprits impartiaux, curieux avant tout de connaître l’état actuel des problèmes de psychologie, au risque de passer pour « sceptiques ».

A. Debon.


Hermann Siebeck. — Ueber das Bewusstsein als Schranke der Natur-erkenntniss. La conscience considérée comme limite de la connaissance naturelle. Schultze ; Bâle, 1878 ; in-4o, 28 p.

Il y a quelque enseignement à tirer de ce « discours de fête » lu à l’Université de Bâle. Au moment où la psychologie allemande expérimentale s’efforce, avec une précision de méthode inusitée jusqu’ici en pareille matière, d’expliquer les données fondamentales de l’esprit, il n’est pas inutile d’inviter la science en général, celle de l’âme aussi bien que celle de l’univers, à l’examen de ses origines intellectuelles et de ses conditions. M. H. Siebeck rappelle avec à-propos que cette connaissance scientifique de l’extérieur n’est, à tout prendre, que le produit de l’activité mentale sous la forme universelle de la conscience. La conscience, voilà l’ultima ratio de notre connaissance, le terme suprême auquel tout est subordonné, lois de la nature, formes de représentation, catégories de l’esprit, principes rationnels : c’est le point central où tout aboutit. L’idée ne paraîtra point nouvelle aux philosophes, bien que digne d’être reprise à nouveau : M. Siebeck, après les savantes déclarations de MM. Dubois-Reymond et Nägeli (Rev. scient., oct. 1874, avril 1878) sur « les bornes de la science », entreprend d’établir que la connaissance humaine, tout en n’ayant point de « bornes » (Grenzen) sous le double rapport de l’espace et du temps, rencontre et doit rencontrer toujours une insurmontable « limite » (Schranke) : la conscience. — On sait que, selon la remarque de Kant, ces deux expressions ne sont point exactement équivalentes : la première implique l’idée d’espace, tandis que la seconde, celle de limite, exprime dans l’usage mathématique une simple négation qui affecte une quantité, une grandeur, en tant que celle-ci ne peut jamais être considérée comme parfaite. C’est à ce thème que notre auteur donne d’intéressants développements.

La première chose à retenir, c’est que tout acte de conscience, même le plus élémentaire, est un état complexe dont la production exige du temps, un produit à la fois d’événements matériels (phéno-