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ANALYSESalaux. — De la Métaphysique.

science n’atteint pas et dont il faut tenir compte sous peine d’échouer au moment de la reconstruction définitive. Ces réalités se révèlent à nous à travers nos instincts ; elles règlent notre conduite, la conduite de l’universalité du genre humain. J’entends notre conduite instinctive. Donc ces réalités existent, encore qu’elles ne se montrent à nous qu’indirectement. Dès lors, il est tout un ordre particulier de vérités impliquées dans nos instincts : au philosophe il appartient de les dégager, de les éclaircir et d’en essayer la preuve.

La méthode de la métaphysique fait appel au raisonnement déductif, mais c’est à l’expérience de fournir les principes de ces déductions rationnelles. Cela est de toute nécessité, la raison n’atteignant que des rapports et n’ayant par elle-même prise sur aucune réalité.

La philosophie est définie ; sa méthode est déterminée ; reste à savoir si la métaphysique est possible. Elle le sera à cette double condition : qu’il y ait une raison des choses ; que cette raison des choses soit donnée à la raison de l’homme.

Et d abord il y a une raison des choses. La preuve en est dans l’existence de notre propre raison et dans la nature même de l’objet de cette raison. « L’objet de la raison, ce sont les idées ; et l’objet des idées, ce sont les rapports : car une idée ne saurait être entendue que par sou rapport à une autre. Toute idée implique une définition ; qu’on l’exprime, on aura un jugement, rapport de deux idées. Il s’ensuit que toute idée se rapporte à une autre, qu’il n’y a point d’idée solitaire. Les idées se déterminent les unes les autres et ne se peuvent entendre que par cette détermination mutuelle. Mais les choses répondent aux idées : c’est l’hypothèse, c’est le premier postulat de la métaphysique ; donc elles sont déterminées, comme leurs idées, les unes par les autres, et elles ne sont explicables que par cette détermination mutuelle (p. 315). »

On le voit, l’auteur nous ramène à son deuxième chapitre du premier livre : ici, je l’avoue, sa pensée revêt une forme plus concise et plus nette. La raison humaine pose des rapports : ces rapports impliquent un monde intelligible de notions abstraites déterminables les unes par les autres, participant les unes des autres, comme dirait Platon. L’intelligence humaine postule que les choses répondent aux idées ; donc l’idéalisme objectif est démontré.

Une démonstration fondée sur un postulat ressemble, à s’y méprendre, à une pétition de principe, et M. Alaux ne se montre pas avare de postulats. Après lui en avoir accordé un, il faudra bientôt lui accorder cet autre, à savoir : la raison de l’homme est telle qu’elle comprenne la raison des choses. En vérité, n’eût-il pas été plus simple de déclarer sans plus d’explications ni de preuves que la métaphysique est possible ?

M. Alaux conclut, disons mieux, il affirme que la doctrine fondamentale de la philosophie est une : c’est l’idéalisme objectif, c’est le spiritualisme. Idéalisme, parce que la raison pose des idées ; objectifs,