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LES MOUVEMENTS


ET LEUR IMPORTANCE PSYCHOLOGIQUE

Ce n’est guère que depuis une vingtaine d’années que le rôle des mouvements dans la formation des états de conscience a commencé à attirer sérieusement l’attention. Si je ne me trompe, l’ancienne psychologie — celle qui a encore généralement cours chez nous — avait sur cette question des solutions assez simples. Pour elle, il existe deux sortes de mouvements : les uns, involontaires, dont l’étude appartient aux physiologistes ; les autres, volontaires, que nous avons conscience de produire. On n’en peut rien dire, sinon que quand « l’âme » commande, le corps obéit ; nous connaissons la cause et les effets, la conscience ne nous dit rien sur les moyens. En somme, c’était un abandon à peu près complet de toute étude sur cette question.

Les habitudes de l’ancienne école conduisaient naturellement à ce résultat. À mesure au contraire que l’esprit physiologique a pénétré dans la psychologie, imposant l’obligation d’étudier les faits seuls, mais dans leur totalité, sans séparer l’état de conscience de ses conditions organiques, toutes les fois qu’elles sont connues, l’étude des mouvements a pris l’importance qu’elle mérite. La vie psychique, comme l’ensemble des phénomènes nerveux auxquels elle est liée, forme un circuit qui part du monde extérieur pour y revenir. Ce circuit comprend, en gros, trois périodes : l’une de transmission du dehors au centre, une autre d’élaboration dans les centres, une dernière de transmission du centre au dehors. Cette dernière phase — celle de la réaction — a été oubliée par les anciens psychologues. Dans l’organisme, ils n’ont considéré que le côté sensitif, ils ont négligé le côté moteur. D’après eux, le corps, en tant qu’il se meut, est à l’égard de l’« âme » un étranger ou un serviteur. Thèse inadmissible : les faits démontrent au contraire qu’il est un coopérateur indispensable. Le mouvement est un élément de la vie psychique tout aussi bien que la sensation ou l’idée.