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THÉORIE DE LA SCIENCE ET DE L’INDUCTION

D’après WHEWELL.

C’est surtout un intérêt historique qui s’attache aujourd’hui aux travaux dont nous allons parler. Whewell a été un précurseur, et il a eu le sort de tous les précurseurs : Hunc oportet crescere, me autem minui. Ses ouvrages les plus considérables, l’Histoire des sciences inductives et la Philosophie des sciences inductives, paraissaient, l’une en 1837, l’autre en 1840. Stuart Mill publiait son Système de logique inductive et déductive en 1843. À dater de ce jour, alors que le nom de Stuart Mill grandissait en Angleterre et se répandait sur le continent, celui de Whewell, malgré de nouveaux ouvrages, la Philosophie de la découverte, et le Novum organum renovatum, qui, à vrai dire, ne faisaient guère que reproduire, tantôt avec de plus amples développements, tantôt sous une forme plus concise, les doctrines de l’Histoire et de la Philosophie des sciences inductives, ne dépassait pas une notoriété, sans doute honorable, mais éloignée de la gloire à laquelle il avait pu d’abord paraître destiné. Pourtant ce nom ne doit pas tomber dans l’oubli. Si Whewell n’a pas, comme il s’en flattait sans doute, à en juger par le titre de son dernier ouvrage, Novum organum renovatum, tracé le code définitif des sciences de la nature, il a du moins, avec une vaste investigation, une connaissance approfondie de l’histoire des sciences, et des vues systématiques parfois heureuses, contribué à l’avancement de celte partie du savoir à laquelle il s’était spécialement consacré. Il a une place marquée, et non des moins honorables, dans cette lignée d’esprits scientifiques et philosophiques à la fois, qui, en Angleterre, ont continué, dans notre siècle, avec des progrès incessants, la tradition de Bacon.


I


Whewell n’est pas un philosophe. Son principal effort ne porte pas, comme celui de Stuart Mill, sur l’analyse des conditions de la