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importance, recevraient une heureuse excitation d’un commerce momentané avec leurs pairs ! Mais, à Paris même, a-t-on suffisamment pourvu à la nécessité de tels rapports ? Cependant, aussi longtemps qu’ils seront ou nuls ou insuffisants, comment peut-on espérer qu’il se fonde parmi nous de vraies, de puissantes écoles de philosophie assez fortes pour pousser loin leur principe interne et n’être pas sans action au dehors, pour se développer et se défendre ? Le temps peut venir où nous aurons tout le monde contre nous, la foule, les savants, les gouvernants, où nos belles inutilités spéculatives, nos fouilles pieuses dans les ruines grandioses des vieux monuments philosophiques, nos systèmes d’un jour, superflu si nécessaire de la science, luxe essentiel, tout cela sera réputé digne d’être extirpé comme mauvaise herbe du champ labouré par les expérimentateurs. Qui nous préservera alors, nous et nos ancêtres, de la destruction ? et sur qui pouvons-nous compter pour nous préserver de l’excommunication sociale, sinon sur nous-mêmes ?

Maintenant, Monsieur, avisons au moyen pratique de combler la lacune que je signale. Il conviendrait d’abord, je crois, pour plus de précision, d’essayer d’une association française pour l’avancement de la psychologie. Un philosophe est toujours plus ou moins psychologue. Un noyau de membres fondateurs, élus par eux-mêmes, ferait appel par la voie de la Revue philosophique à tous les psychologues ou philosophes de quelque renom, à tous les professeurs de philosophie des lycées ou principaux collèges de France, et même (vous m’excuserez de ne pas m’oublier) à tous les abonnés anciens des quelques Revues philosophiques qui se publient dans notre pays. On doit présumer qu’ils comprennent ce qu’ils lisent. Une fois la première légion formée, on se montrerait plus difficile pour les admissions, et on soumettrait les nouveaux élus à l’obligation de fournir telle garantie de capacité qui serait regardée comme satisfaisante : la publication, par exemple, d’un ouvrage ou d’un opuscule sur la valeur duquel les membres du bureau seraient appelés à se prononcer. — Les réunions annuelles auraient lieu, soit à Paris, soit dans une autre ville possédant quelque établissement d’aliénés, de sourds-muets, d’aveugles, qui, visité en détail, avec toutes les facilités voulues, serait singulièrement suggestif, propre à rectifier ou justifier bien des théories.

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Il serait inutile de se diviser en sections, et préférable d’affecter des séances générales distinctes au développement, à la discussion des thèses de logique pure, de psychophysique, de psychologie comparée, de psychologie pathologique, etc., qui auraient été jugées par le bureau suffisamment neuves et originales. — Le bureau serait renouvelé tous les ans par l’élection. — Toute parade officielle serait, bien entendu, impitoyablement proscrite. On s’efforcerait d’obtenir le maximum d’effet avec le minimum de bruit et d’écarter dès le premier jour, par la haute aridité des questions traitées, les adhérents pour lesquels la spécula-