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tannery. — la théorie de la connaissance

apparaît le vice d’une conception d’ailleurs intéressante et exposée avec talent.


VI


Nous ne voudrions pas décourager de pareilles tentatives ; l’examen mathématique de toute hypothèse peut faire avancer la science ; mais nous répugnons à croire qu’on puisse jamais arriver à expliquer l’infinie variété des phénomènes de l’univers avec des forces agissant à distance suivant une loi unique, et qu’on résolve ainsi les problèmes qu’il soulève dans le sens du déterminisme absolu.

Mais jusqu’à quel point et comment les principes et théorèmes de la dynamique laissent-ils place en général à un élément d’indétermination, c’est une question qui mérite d’être examinée spécialement.

Dans un des derniers numéros de la Revue[1], M. Naville l’a posée avec une grande précision au point de vue philosophique : et nous ne pouvons à cet égard que prier nos lecteurs de se reporter à cet article.

Au point de vue mécanique, il y admet la possibilité d’un clinamen : 1o  pour la direction de la force ; 2o  pour le temps auquel elle s’exerce ; sans que pour cela l’économie du principe de la conservation de l’énergie soit dérangée.

Nous devons faire des réserves sur ce dernier point ; le théorème de la conservation de l’énergie est applicable à un système où l’on suppose toutes les forces : 1o  soumises au principe d’égalité de l’action et de la réaction, par conséquent de direction déterminée ; 2o  variant avec la distance seule et non avec le temps. Le théorème est en défaut, si l’on fait une hypothèse contraire, soit sur le premier point, soit sur le second.

Nous n’avons nullement, malgré nos réserves, l’intention de nier la possibilité ou même la convenance de faire l’une ou l’autre de ces hypothèses contraires ; mais il y a évidemment heu de se rendre un compte exact de leurs conséquences.

La première, une indétermination dans la direction de la force, est en contradiction avec le principe de l’égalité de l’action et de la réaction. On peut évidemment supposer des systèmes matériels où ce principe ne soit pas applicable ; les mathématiciens en supposent en fait tous les jours, lorsqu’ils examinent ceux qu’ils considèrent comme soumis à des forces extérieures. Mais alors ils tiennent compte

  1. Mars 1879, p. 265.