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ANALYSESwundt. — Der Spiritismus.

raient d’obéir. Enfin il révéla à chacun des assistants son degré de puissance sur les esprits. Wundl fut déclaré médium « of a strong power », quoique l’éminent physiologiste ne connaisse dans sa vie aucun événement qui puisse justifier cette diagnose.

Après cet exposé des faits dont il a été témoin, Wundt se demande : Suis-je capable de dire comment ces phonémènes ont eu lieu ? Non, car ces faits sortent absolument du cercle de mes connaissances spéciales. Mais pourquoi Slade, qui est médium et qui devrait savoir dans quelles conditions se produisent ces faits, pourquoi Slade refuse-t-il à cet égard tout éclaircissement ? Il ne sait rien, dit-il ; il est purement passif. Cette dernière assertion, en tout cas, est inexacte, car les phénomènes en question ne se manifestent que dans les séances qu’il donne et suivant l’ordre qu’il détermine.

Mais, encore qu’il ne veuille rien avancer sur la manière dont Slade institue ses expériences, Wundt ne se résigne nullement à demeurer spectateur indifférent dans une question dont la solution intéresse si fort, dit-il, la science et la philosophie. Et ces explications qu’Ulrici demande, il va les lui fournir en toute simplicité. Mais, d’abord, le professeur Ulrici a-t-il jamais assisté à des séances de prestidigitation ? Les graves études de sa longue et studieuse existence lui ont-elles parfois laissé le loisir de fréquenter les Robert Houdin de Halle, de Leipzig ou de Berlin ? Il ne paraît pas. Or quiconque a lu le compte rendu des expériences dont Wundt a été témoin ne peut songer qu’à des tours de ce genre, mais fort bien exécutés. Pas une seule de ces expériences n’excède pourtant l’art d’un bon prestidigitateur. À la vérité, Slade a, dit-on, exécuté des prodiges plus étonnants ; mais ce fut dans des séances où n’assistèrent que des personnes convaincues d’avance de la toute-puissance surnaturelle du médium. Toute mesure de précaution, tout contrôle critique avaient été jugés superflus. Etant vrais et de bonne foi, comment ces honnêtes témoins auraient-ils douté de la loyauté et de la sincérité des autres hommes ? Mais, si rien ne fait plus d’honneur à leur caractère, la valeur de leurs observations s’en trouve singulièrement amoindrie et diminuée.

Admettons, pour un moment, dit Wundt, la réalité de tous ces phénomènes : qu’en résulterait-il pour notre conception du monde, pour la morale et la religion ? Ulrici a passé en revue les trois hypothèses que l’on pourrait se faire, suivant lui, de la nature de ces phénomènes supposés vrais. On peut admettre que ce sont : 1o  des manifestations de forces naturelles ; 2o  des manifestations de spectres ou d’esprits ; 3o  des manifestations d’êtres intelligents appartenant, comme le veut Zöllner, à une quatrième dimension de l’espace, et possédant, par conséquent, la faculté d’apparaître dans notre espace à trois dimensions et de disparaître en rentrant dans cet autre domaine mystérieux de l’espace qui nous est inaccessible. Ulrici rejette avec raison la première de ces hypothèses : le mode d’apparition des phénomènes en question indique clairement, en effet, qu’ils dérivent d’êtres intelligents. Ce