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périodiques. — Archives de Physiologie.

striés d’autres terminaisons nerveuses que celles des nerfs moteurs ; mais les nerfs sans myéline (sensitifs) contenus dans les muscles se terminent dans les aponévroses, et ces nerfs sont les seuls auxquels on puisse rattacher la sensibilité musculaire.

Quant à la sensibilité musculaire elle-même, M. Tschiriew ne met pas en doute son existence. Les muscles sont sensibles, et il existe un véritable sens musculaire.

On peut à la vérité mettre à nu les muscles, les inciser, les brûler, les électriser et y injecter différentes substances caustiques, sans que l’animai manifeste de la douleur. Cela prouve simplement que ce n’est pas par la douleur que se traduisent ces excitations. Mais il n’en est pas moins vrai que la fatigue d’un muscle provoque des sensations pénibles qui ont ce muscle pour siège. Les muscles enflammés sont également douloureux, et dans ces cas la douleur a un caractère spécial. D’autre part, il est très probable que c’est grâce à la sensibilité musculaire que nous pouvons apprécier le poids des objets, de même que les mouvements et l’attitude des membres de notre corps dans l’espace. Ce qui prouve que l’on ne peut rapporter à la pression exercée sur la peau l’appréciation de la pesanteur des objets, ce sont les recherches de Weber, qui a montré que la constante proportionnelle de la sensation du tact était de 1/3 et celle de la sensation musculaire de 1/17. Enfin l’on sait que des hystériques dont la peau est insensible conservent les sensations dites musculaires, c’est-à-dire peuvent apprécier la position de leurs membres et le poids d’un objet.

C’est aussi une erreur de dire que le sens musculaire est d’une origine exclusivement centrale ; que nous percevons seulement l’intensité des centres nerveux, mais aucunement les contractions musculaires des efforts de volonté dans les cellules elles-mêmes.

Pour M. Tschiriew, un résultat est acquis : c’est l’existence du sens musculaire, ou de la sensation de la tension musculaire provenant des muscles mêmes ; cela étant donné, il faut admettre l’existence dans les muscles de fibres nerveuses centripètes qui nous transmettent cette sensation. El ces nerfs, ce sont ceux qu’il a décrits comme se terminant dans les aponévroses, ainsi que le montrent les recherches faites sur ce qu’on appelle, avec Westphal, le « phénomène du genou. »

Quant aux expériences de C. Sachs, notre auteur met en doute leur valeur, et il les rejette au second plan. Il est vrai que C. Sachs pouvait agir sur les fibres aponévrotiques de M. Tschiriew ; mais, cette réserve faite, on doit dire cependant qu’il n’existe pas de preuves plus directes de la présence de fibres nerveuses sensitives dans les muscles que dans ces faits, où l’on provoque des mouvements réflexes par l’excitation des muscles ou des branches nerveuses musculaires.

Dans quelle catégorie de sensations doit-on ranger les sensations musculaires ? La sensation de la tension musculaire doit être considérée comme une sensation sensorielle (analogue aux sensations visuelles, tactiles, auditives, etc.) ; au contraire, les sensations douloureuses