peut produire des daltoniens artificiels en leur faisant regarder les objets à travers une solution de chlorure de nickel, une plaque taillée dans une tourmaline verte ou un morceau de verre coloré au moyen du cuivre. La fuchsine rétablit la vue normale du daltonien artificiel, et inversement le daltonien, dont la vue est corrigée par la fuchsine, redevient daltonien quand il recourt en outre au chlorure de nickel.
Si nous examinons maintenant les cas où les habitudes d’esprit interviennent pour déterminer la sélection, nous trouverons des faits abondants qui confirment les lois déjà énoncées.
Voyons d’abord les cas où l’excitation habituelle est seule perçue. J’ai chez moi un petit harmonium. Un jour, je passais à côté sans le regarder et en marchant assez vite. Aussitôt après l’avoir dépassé j’eus une perception visuelle assez forte me représentant distinctement les touches blanches et noires de l’instrument. Étonné de voir l’harmonium ouvert à ce moment, je me retournai et je m’aperçus qu’il était, de fait, complètement fermé. Une carte roulée, en fort papier blanc, que j’avais posée sur l’instrument, était la cause de ma méprise.
Il me semble qu’on ne peut expliquer ce fait que de la manière suivante ; l’impression nouvelle qui tendait à s’établir était ainsi composée : une surface blanche continue sur l’harmonium. Mais des impressions visuelles précédentes et nombreuses m’avaient représenté l’harmonium offrant, quand il était ouvert, une surface blanche (les touches blanches) interrompue seulement par les petits vides existant entre les touches, et, en certains endroits, par les touches noires. L’impression nouvelle qui tendait à s’établir était en partie conforme, en partie contraire à celles-là. Elle s’est présentée avec une force assez peu considérable, puisque je marchais vite et sans regarder l’harmonium. Ayant à lutter pour s’établir contre les traces d’impressions nombreuses, elle a été rejetée en grande partie. Seulement ce qui, dans cette impression complexe, était analogue aux impressions précédentes, a pu être admis et a réveillé par association, grâce aussi peut-être à l’ébranlement provoqué par la partie rejetée de l’excitation, la perception visuelle des touches noires, des petites fentes existant entre les touches blanches et des circonstances accessoires. Tout cela s’est effectué sans que j’en eusse conscience.
Il y a deux parties à distinguer dans cette opération : l’erreur est causée d’abord par le rejet d’une partie de l’excitation, ensuite par le réveil d’anciennes impressions. C’est de cette dernière partie qu’on s’est en général presque exclusivement occupé.
