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ANALYSESbain. — Éducation as a science.

confinée dans la sphère intellectuelle ; encore ne suppose-t-elle pas l’emploi de toutes les fonctions de l’entendement. Par exemple, elle n’a que peu de chose à voir avec le génie créateur de l’artiste. « Une analyse aussi approfondie que possible de la partie de l’intelligence à laquelle se rapportent la mémoire, l’acquisition, la rétention (retentiveness), avec une étude suffisante des autres facultés soit intellectuelles, soit sensibles, qui concourent au même résultat général, voilà la première grande division que comporte la science de l’éducation. »

À cette partie toute psychologique s’en ajoute une autre, qui a pour objet de fixer l’ordre logique selon lequel les diverses matières doivent se succéder dans l’enseignement. Cet ordre est déterminé par leur dépendance mutuelle, leur simplicité ou leur complexité relatives.

Avant d’aborder la partie psychologique, M. Bain présente quelques considérations intéressantes sur les données physiologiques qui se rapportent à l’éducation. La mémoire a son fondement dans une propriété du système nerveux, propriété qui, comme toutes celles de l’organisme, s’entretient par la nutrition. Pour développer la mémoire, il faut nourrir le cerveau. Mais il importe que les autres organes ne détournent pas à leur profit une trop grande part de l’alimentation générale ; un exercice exagéré du système musculaire aura pour effet inévitable d’entraver la croissance de l’esprit. — Platon remarquait déjà que les athlètes avaient d’ordinaire l’intelligence obtuse. — De plus, au point de vue physiologique, la mémoire ou faculté d’acquisition est constituée par a une série de nouvelles formations nerveuses, par l’établissement d’une quantité de sentiers battus, selon certaines directions, au sein de la substance cérébrale. Or il est probable que, de toutes les opérations intellectuelles, c’est celle-là qui exige la plus grande somme de nourriture. Exercer un pouvoir déjà acquis est chose beaucoup plus facile, beaucoup moins coûteuse que de s’assurer une nouvelle acquisition. » M. Bain en conclut qu’il convient d’exercer la mémoire aux époques où le cerveau, réparé par le sommeil, fortifié par la nourriture, est en possession de son maximum d’énergie ; c’est dans la matinée, pendant les deux ou trois heures qui suivent le premier repas ; après le second repas, la plasticité de l’esprit est déjà moindre ; le soir, elle est fort affaiblie. Mais d’autres facultés peuvent alors être utilement appliquées : la composition, par exemple, entraîne, d’une manière générale, une moins grande dépense de force nerveuse que l’acquisition des connaissances. Ce sont les émotions, quand elles ne sont ni violentes ni excessives, qui coulent le moins d’énergie cérébrale. La jeunesse est plus favorable que l’âge mûr aux travaux d’acquisition, l’hiver que l’été.

Nous ne suivrons pas M. Bain dans l’exposition qu’il présente des deux grandes parties de la science de l’éducation. Dans la partie psychologique, il distingue trois facultés essentielles : la faculté de rétention (retentive faculty), laquelle suppose la perception des différences (discrimination) ; la faculté de saisir les ressemblances (similarity or agreement) ;