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Au reste, il est juste de reconnaître a l’auteur les plus louables sentiments et les intentions les meilleures. Ce qu’il a écrit est en somme, avec l’indication de quelques points de repère, une exhortation au travail scientifique et philosophique et un appel à l’union des efforts, à la conciliation des tendances. Mais le malheur veut que de telles exhortations ou de tels appels n’éveillent guère l’attention que lorsqu’ils tombent d’une plume très autorisée ; autrement, l’humanité en général, les penseurs en particulier, ne s’en soucient pas beaucoup plus que de la mouche du coche. Si M. Foucou, en bornant le champ de ses études, en concentrant ses forces sur quelques points particuliers, arrive à des résultats valables et parvient à se faire un nom, son œuvre d’hier pourra survivre-, aujourd’hui, elle est menacée d’un prompt oubli.

T.

B. R. Garofalo. — Di un criterio positivo della penalita. Leonardi Vallardi. Napoli. Brochure in-8o , 92 pages.

M. Garofalo pense que les principes qui doivent être à la base du droit pénal et servir à déterminer les peines ne sont pas reconnus encore. Le code est le résultat de critères souvent hétérogènes, se heurtant l’un l’autre et fondés non sur une commune base expérimentale, mais plutôt sur les déductions des principes que fournissent des théories abstraites souvent contradictoires et incertaines. Le système actuellement en vigueur atteint-il du moins son but ? Mais d’abord quel est le but d’une peine ? Les législateurs ne pourraient peut-être pas le dire, et leur œuvre ne nous le laisserait pas deviner ; mais le bon sens populaire ne s’y trompe pas, et, sans abstractions juridiques, il affirmera qu’une peine est bonne quand elle peut en premier lieu empêcher le coupable de commettre de nouveau son crime, en second lieu ôter aux hommes mal disposés le désir de l’imiter, enfin maintenir dans le public une vive aversion pour le crime puni. Bentham a clairement formulé ces trois fins de la peine appelées par les Allemands prévention spéciale, prévention générale et prévention indirecte. Malgré les efforts des idéalistes, cette doctrine prévaut aujourd’hui.

Le système actuel, à ce point de vue, est tout à fait insuffisant. Au point de vue de la prévention spéciale, les résultats sont déplorables. Lombroso, en tenant compte des décès très nombreux chez les criminels et des crimes dont les auteurs ne peuvent être découverts ou punis, conclut qu’il n’y a presque aucun criminel mis en liberté qui ne récidive. S’il y a là une exagération, elle n’est pas très importante. On ne s’est pas rendu compte, en assignant des peines, de l’effet qu’elles pouvaient produire. Au lieu d’établir une peine spéciale contre une espèce déterminée de délits, après avoir vérifié par l’expérience que cette peine était une sérieuse menace pour le délinquant, on se sert tou-