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ch. richet. — du somnambulisme provoqué

bules en sont là. À chaque épreuve qu’on tente, elles n’opposent aucune résistance ; elles ne se débattent, ni ne tressaillent, restant impassibles et distraites, supportant sans sourciller des épreuves aussi désintéressées que douloureuses. Faut-il supposer chez elles de l’héroïsme (et un héroïsme bien mal placé) ou de l’anesthésie ?

Je pourrais multiplier les exemples qui prouvent combien l’hypothèse de la simulation est absurde. Ainsi, rien que le t’ait de pouvoir faire vomir à volonté indique bien qu’il y a un état psychique différent de l’état ordinaire. Quelle est la personne qui pourrait vomir parce qu’on lui dit : « Voilà une mauvaise odeur ? » C’est pourtant un phénomène constant chez les somnambules ; et, pour provoquer les vomissements, il n’est pas besoin d’un appareil plus compliqué. — Une somnambule pleure dès qu’on lui dit de pleurer, verse un flot de larmes et sanglote bruyamment. Croit-on qu’il soit facile de pleurer quand on veut pleurer’? Qu’on fasse l’expérience sur soi-même, l’on verra que cela est impossible[1].

Récemment, j’ai été témoin d’un accident qui aurait pu être très grave, mais qui n’a eu heureusement aucune conséquence sérieuse. Il s’agit d’une jeune femme qui est un excellent sujet magnétique. Voulant provoquer chez elle la frayeur, je lui dis : « Tenez, je prends votre bras et je le coupe. Regardez le sang qui coule. » Immédiatement, sans pousser un cri, sans faire un geste, elle tomba par terre tout de son long, comme morte. En effet, la vie avait cessé pour un temps, le cœur ne battait plus, et il n’y avait plus aucun mouvement respiratoire. Cet état dura environ une demi-minute, un siècle d’angoisses pour moi ; puis une respiration profonde annonça le retour des phénomènes de la vie. Peut-être, dira-t-on, cette syncope n’est-elle qu’une habile comédie. En tout cas, au risque de passer pour trop naïf, je ne voudrais à aucun prix recommencer cette expérience.

On peut donc, ce semble, sinon trouver une preuve absolue et irréfutable, au moins accumuler des preuves très convaincantes pour démontrer qu’il y a un état somnambulique.


Examinons maintenant quelles sont les objections qu’on oppose. Voici, si je ne me trompe, les principales :

  1. Amicus noster quidam quem ad somnationem facile suscitamus, si de libidinosis rebus loquor, statim it in erectionem. Si jubemus ut mingat, invitus mingit, et vestem fœdat.