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analyses. — luigi ferri. Sulla dottrina dell'associazione.

le monde des corps : elle se présente sous des formes aussi nombreuses et aussi variées que l’attraction matérielle. » De ce coup, la doctrine de l’association atteint sa plus haute généralité ; premièrement, elle est appelée à expliquer tout le système des principes de l’entendement humain ; secondement, elle est presque assimilée à la loi la plus générale de la nature ; peu s’en faut qu’elle n’y soit rattachée comme un de ses effets. M. Ferri a indiqué le fait sans peut-être le souligner assez : son attitude vis-à-vis de la pensée de Hume est pleine de réserves dont nous verrons plus tard les raisons.

La seconde conception de Hume était inspirée par les découvertes de Newton, dont l’influence fut si considérable au xviiie siècle. C’est à cette influence que se rattache également et même d’une manière plus directe la théorie d’un Italien qu’il appartenait à M. Ferri de mettre en relief, François-Marie Zanotti, originaire de Bologne, mais vivant alors en France. Celui-ci donna en 1747 son opuscule intitulé : « De la force attractive des idées. » M. Ferri ne paraît pas croire que Zanotti ait fait grand honneur à la philosophie italienne, « en transportant dans la sphère de l’esprit une hypothèse qui aurait dû rester dans l’ordre physique ». Il reconnaît cependant que l’opuscule est ingénieux et contient des vues originales sur l’association des idées. Les passages cités, qui (soit imitation, soit coïncidence) paraissent pénétrés de l’esprit de Hume, tout gâtés qu’ils sont par l’abus de métaphores quasi-scientifiques comme l’électrisation et le magnétisme des idées, confirment suffisamment le jugement de l’auteur. Zanotti forme, selon lui, le trait d’union entre Hume et Hartley, d’un point de vue purement logique, ajouterons-nous, puisque Hartley ne l’a pas connu.

Le livre de Hartley : « Observations sur l’homme, sa constitution, ses obligations et ses espérances, » parut à Londres en 1749. Il est le développement d’abord des idées de Locke, puis d’une idée émise par le Rév. Gay en présence du savant médecin et saisie aussitôt par ce dernier avec empressement. Écrit dans un style aride, sous une forme géométrique, publié dans un milieu peu favorable aux études philosophiques, antipathique à la seule école philosophique qui eût alors quelque vitalité dans les pays de langue anglaise (l’École écossaise), il n’eut aucun succès du vivant de l’auteur. Il ne fut pas réédité ; on le trouve difficilement aujourd’hui. En 1755, l’abbé Jurain le traduisit à Reims en français. Vers 1770, il suscita à son auteur un disciple posthume mais enthousiaste, ce docteur Priestley, qui en tira des conclusions matérialistes fort éloignées des vues de Hartley. Les éloges retentissants de Priestley attirèrent l’attention de Reid, qui le combattit (1777). Mais la renommée de ce philosophe date de ces dernières années, c’est-à-dire du moment où l’école associationiste, qui n’est pas uniquement sortie de lui, mais qui a adopté beaucoup de ses vues, atteignit son plein développement.

M. Ribot a donné une analyse de cet ouvrage dans la seconde édition de la Psychologie anglaise contemporaine. M. Ferri en propose une fort