Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, X.djvu/449

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
439
analyses. — luigi ferri. Sulla dottrina dell'associazione.

combattue et que les objets paraissent bien plutôt avoir donné leurs noms aux qualités que les qualités aux objets ? Croit-il encore que l’aryen primitif, s’il a jamais existé tel qu’on l’imagine, soit vraiment le premier état de la langue ? Voit-il les enfants débuter dans leurs conceptions et leurs dénominations par le général ou par le particulier ? Quant à la catégorie de l’éternité, il nous semble qu’il y a une confusion chez ceux qui la soutiennent en prenant comme exemple les conceptions mathématiques. De ce que celles-ci paraissent pouvoir s’appliquer à tout le temps, elles ne sont pas pour cela en dehors du temps. Cette partie de la discussion soulève plus de problèmes qu’elle n’en résout.

M. Ferri distingue Bain de Mill : Mill était un pur psychologue ; la psychologie de Bain est toute pénétrée de physiologie. Il relève finement les incertitudes et les variations de ce dernier, digne continuateur des Écossais, sur des points importants. Il lui reproche, après une analyse attentive de sa doctrine, de se laisser conduire presque sans le savoir par l’étude des sensations musculaires en plein idéalisme, de se placer pour l’ensemble même de sa théorie de l’intelligence à un point de vue douteux, à ce point qu’on ne sait pas s’il traite de la formation des connaissances ou de leur reproduction, de se borner enfin à l’analyse des phénomènes de la vie inférieure en s’imaginant qu’il étudiait la pensée alors qu’il n’en étudiait que les conditions initiales ou les répercussions lointaines : c’est là, suivant M. Ferri, une simplification risible des difficultés qu’offre la psychologie ; les opérations supérieures de l’intelligence ne sont pas connues d’hier : on ne les explique pas en disant que l’idée est une sensation affaiblie. « Loin d’être un simple affaiblissement de la sensation, le concept en est au contraire une transformation, et cette transformation exige un déploiement d’activité, un jeu de fonctions qui ne sont pas renfermées dans le cercle de la sensibilité. » L’abstraction notamment suppose l’intervention de facultés supérieures : Bain l’explique par la généralisation. Son procédé consiste à recueillir les caractères les plus généraux et les plus élémentaires de toute la série de nos facultés et de dire : Voilà l’intelligence ! Il y a dans l’intelligence divers groupes de fonctions dont une philosophie paresseuse peut seule négliger les profondes différences. M. Ferri est d’accord sur ce point avec nos classiques français ; c’est toujours la même argumentation : il y a entre l’intellect et les sens non une différence de degré, mais une différence de nature.

Le morceau capital de cette dernière partie est la discussion des théories psychologiques de Spencer. Ici encore, la discussion, après avoir porté sur les caractères généraux de la doctrine, se divise en deux parties spéciales, portant l’une sur la formation des concepts, l’autre sur la conception des axiomes. Un partisan de la philosophie de l’évolution, chez lequel la croyance à la transformation lente, à la liaison continue des formes de la pensée comme de tout le reste des êtres est une habitude d’esprit déjà ancienne, n’éprouvera en lisant ces pages qu’une satisfaction esthétique ; l’auteur n’ayant pu discuter le principe