Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, X.djvu/481

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
471
ch. richet. — du somnambulisme provoqué

L’explication est séduisante ; mais d’abord elle ne peut s’appliquer à l’homme, ce qui lui ôte beaucoup de sa valeur. Et puis, lors même qu’on l’aura admise, est-ce bien une explication ? Dire que la cataplexie est un effet particulier d’une certaine frayeur spéciale, c’est en vérité avouer implicitement que nous ne connaissons pas sa cause. Nous voyons un phénomène provoqué par un choc qui peut produire aussi de la frayeur. Avons-nous le droit d’en conclure que c’est la frayeur qui est cause du phénomène ? En aucune manière. Il nous est seulement permis de dire que des excitations terrifiantes provoquent la cataplexie ; mais, que ce soit la terreur qui provoque cette cataplexie, voilà une conclusion qui est extrêmement contestable.

En définitive, nous voyons que pour les différentes variétés d’hypnotisme on peut invoquer diverses causes, mais qu’il est presque impossible d’aboutir à une conclusion vraisemblable.


Pour ce qui est des passes magnétiques, la difficulté est plus grande encore. Il n’y a alors en effet ni fixation du regard, ni objet brillant, ni terreur soudaine.

Voici comment je procède en général. Ma méthode est tout empirique et n’a d’intérêt que parce que, m’ayant souvent réussi, elle réussira aussi à d’autres expérimentateurs. Plusieurs de mes amis et de mes confrères ont, en faisant comme moi, obtenu les mêmes résultats.

Je fais mettre le patient dans un fauteuil, bien en face de moi ; puis je prends chacun de ses pouces dans une main et je les serre assez fortement, mais d’une manière uniforme. Je prolonge cette manœuvre pendant trois à quatre minutes ; en général, les personnes nerveuses ressentent déjà une sorte de pesanteur dans les bras, aux coudes surtout et aux poignets. Puis je fais des passes en portant les mains étendues sur la tête, le front, les épaules, mais surtout les paupières. Les passes consistent à faire des mouvements uniformes de haut en bas, au devant des yeux, comme si, en abaissant ainsi les mains, on pouvait faire fermer les paupières. Au début de mes tentatives, je pensais qu’il était nécessaire de faire fixer un objet quelconque par le patient, mais il m’a semblé que c’était là une complication inutile. La fixation du regard a peut-être quelque influence, mais elle n’est pas indispensable.

Comment agissent ces passes ? le serrement des pouces a-t-il une certaine influence ? Voilà ce que je n’ai pas encore pu éclaircir, et les hypothèses qu’on peut proposer sont assez invraisemblables.

D’abord, pour le serrement des pouces, ne voit-on pas une cer-