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génie ; et ne paraît être demeuré constant dans son attachement que pour les principes essentiels du kantisme. Son originalité n’eut jamais à souffrir d’ailleurs de ces influences diverses. On connaît sa théorie de l’immortalité personnelle. En chaque âme vit une essence immortelle, immuable, seule capable de concevoir, par l’affinité même de sa nature, le Dieu personnel et éternel. C’est véritablement le génie propre de chaque être, qui demeure invariable à travers les existences diverses que l’individu est appelé à revêtir dans le monde phénoménal, dans la succession de ses destinées mortelles. Fichte ne travaille pas moins à rajeunir la démonstration de la monadologie. « Le monisme abstrait et uniforme de l’ancienne école est condamné en fait par les résultats récents de la physiologie et de la psychologie. Au fond des manifestations de la vie psychique se révèle incontestablement un principe individuel. De ce point de vue, et ce n’est pas le seul où puisse se placer la pensée métaphysique, nous apparaît la vérité de la philosophie des monades, qui doit donner son caractère à la philosophie du présent. » Le théisme moral, qui résume toute la métaphysique de Fichte, peut être regardé comme un des plus beaux essais qui aient été tentés en vue de fonder cette monadologie du présent.

Frédéric Zœllner : La physique transcendantale et sa soi-disant philosophie, 3e volume des Essais scientifiques, Leipzig, Staaekmann, 1879 (analyse par Fr. Hoffmann).

Le troisième volume des Essais scientifiques de Zœllner devait être consacré à la physique astronomique. Mais les attaques dirigées par Wundt contre la vérité du spiritisme ont décidé Zœllner à faire de ce nouveau volume un plaidoyer en faveur de la cause qui ne lui est pas moins chère qu’à Fechner et à Ulrich La liste des chapitres du livre en fera suffisamment connaître l’esprit, en même temps que le contenu : 1o Le spiritisme et les soi-disant philosophes, réponse au professeur Wundt ; 2o Le spiritisme et les soi-disant mathématiciens ; 3o Défense de l’Américain Slade ; 4o Savants allemands « d’une véracité incontestée » devant le tribunal des libraires, des juifs et des protestants libéraux ; 5o La physiologie transcendantale et le mécanisme soi-disant animal, en regard des expériences du magnétiseur Carl Hansen ; 6o Le spiritisme et la révélation chrétienne. — Dans sa foi entière aux manifestations des esprits Zœllner n’hésite pas à réclamer en faveur du spiritisme l’illustre autorité de Kant lui-même. On sait le culte profond de l’auteur du livre sur les comètes pour le génie et la doctrine de Kant. Les écrits antérieurs à la période critique, et particulièrement le petit essai sur les songes des visionnaires témoigneraient, au dire de Zœllner, de la secrète complaisance de leur auteur pour la doctrine des spirites. Il n’est pas malaisé de démontrer que les paroles de Kant ne signifient rien de pareil. — Zœllner ne paraît pas plus heureux dans la tentative qu’il fait pour expliquer par l’hypothèse d’une quatrième dimension de l’espace les phénomènes de spiritisme, qui semblent contraires au principe de l’impénétrabilité de la matière. Il ne réussit pas à résoudre d’une