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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/588

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Zeitschrift für Philosophie und philosophische Kritik.
Vol. 79 (1881), 80 et 81 (1882).

G. Runze. Exposition critique de l’histoire de la preuve ontologique depuis Anselme (suite). Saint Anselme et Descartes avaient analytiquement déduit l’existence de Dieu de la notion donnée de l’être parfait ; Spinoza et Leibnitz transforment la preuve en une synthèse de notions problématiques et incohérentes. Spinoza unit à priori des idées hétérogènes existence, non-contradiction, possibilité (logique). Leibnitz conclut de la possibilité de l’idée de Dieu à la possibilité de sa réalité, qui équivaut à la nécessité de son existence. Wolf le répète, sans grande originalité. — Mendelsohn représente le plus complètement ce dogmatisme ontologique et défend la preuve avec une rare « virtuosité ». — Il était réservé à Kant de ruiner cette doctrine et son argumentation en dénonçant le sophisme qu’elle renferme, le saut brusque et illégitime de la nécessité logique à la nécessité réelle, en « substituant à la pensée d’un être absolu nécessairement existant la pensée nécessaire d’un être absolu. »

Avouons qu’avec sa forte érudition et sa remarquable possession de son sujet, l’auteur n’a pas toujours le talent de l’exposition claire et intéressante.

J. Volkelt : Les couleurs et l’âme. — Les progrès de la physiologie doivent-ils être redoutés de la psychologie, et menacent-ils de rayer de la science la force originaire, la puissance créatrice de l’âme ? C’est là ce que Volkelt examine, sinon avec beaucoup d’originalité dans ses arguments, du moins avec une certaine vigueur de raisonnement et cette forme entraînante qu’on lui connaît.

Il se borne à l’impression de la couleur ; n’est-elle qu’une transformation du processus mécanique dans l’œil, le nerf optique et le centre, ou bien cette action extérieure provoque-t-elle une réaction propre de l’âme ? — Ce monde des couleurs, avec le charme qu’il a pour nous, et le sens symbolique et idéal que nous lui prêtons, la physique le dépouille de sa poésie ; la couleur n’est qu’un mouvement particulier de l’éther, ses différences qualitatives ne sont en réalité que des différences quantitatives des ondes lumineuses (longueur ou durée). — Ces ondes pénètrent dans le globe de l’œil, affectent la rétine ; l’impression est transmise par le nerf, en vertu d’une action mécanique ou chimique. À l’arrivée du courant au cerveau, parait un monde de sensations sans analogie aucune avec le processus nerveux ; il y a un saut brusque, inexpliqué d’un phénomène mécanique à un phénomène spirituel, d’un ébranlement nerveux à une impression simple, déterminée ; une activité nouvelle a été éveillée, qui unifie, harmonise, distingue qualitativement ; c’est l’activité créatrice à priori de l’âme.

Koch : De la faculté de discerner. — Ulrici voit, dans la faculté qu’a l’âme de distinguer entre elles les impressions sensibles, le premier