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DE LA PRÉTENDUE VEILLE SOMNAMBULIQUE


I

L’hypnotisme est fécond en surprises, c’est incontestable. Pourtant gardons-nous avec soin d’y voir un tissu de mystères, et de faire de l’hypnotisé un être qui aurait, en quelque sorte, dépouillé la nature humaine.

Restreindre le nombre de ces mystères en faisant rentrer certains phénomènes de somnambulisme dans quelque ordre de faits déjà analysés, ou du moins en les y rattachant par des liens étroits, tel est le but de cette nouvelle étude.

Tel était aussi celui des deux études précédentes, sur la mémoire des hypnotisés, et sur leur éducation par l’exemple. Qu’il me soit permis d’en résumer le sujet et d’en faire ressortir en peu de mots l’esprit qui les a inspirées l’une et l’autre.

Parlons d’abord de la première. On signalait comme une particularité absolument caractéristique, comme un trait exclusivement distinctif de l’hypnotisé son oubli, au réveil, des actions qu’il avait faites ou vu faire, des paroles qu’il avait prononcées ou entendues pendant son sommeil. Partant de cette remarque que la plupart de nos songes échappent à notre souvenir, et ayant cru trouver à quelle s conditions ils sont susceptibles de rappel, je montrai, par une série d’expériences méthodiques rapidement exécutées, que le rappel des rêves hypnotiques dépend des mêmes conditions. Par là fut établie entre ces rêves et les rêves naturels une analogie importante, qui rapproche le somnambulisme du sommeil physiologique.

Dans cette même étude, j’avais laissé entrevoir la possibilité d’exercer les somnambules de manière qu’ils se souviennent de toutes les suggestions qu’on leur donne. La chose s’est réalisée chez mes sujets. J….. et M….. se rappellent maintenant leurs rêves sur le moindre indice ; le présent travail en fournira des preuves surabondantes. Il est arrivé avec elles ce qui est arrivé avec moi quand je