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la seconde, par la nature de la quantité donnée, laquelle, dans son fait, soit présentée, soit imaginée, contient l’existence d’une pluralité de parties, ou une composition de points.

De cette nécessité rationnelle de la divisibilité à l’infini il ne suit pas du reste qu’aucune quantité consiste réellement et objectivement en un nombre infini de parties. Seulement la quantité doit toujours, de sa nature, être conçue par nous comme faite de parties. Voilà pourquoi nous pouvons à notre aise nous mettre en tête, s’il nous plaît, que l’atome, bien qu’on ne puisse ni l’imaginer ni le voir, peut cependant exister, et la physique de même peut s’appuyer sur cette hypothèse.

Deuxième classe de difficultés. — On se laisse aller à sensualiser les percepts dialectiques purs et à priori. L’argumentation de l’auteur, sur ce point délicat, peut se résumer dans ces quelques lignes : « Les idées vraiment directrices qui, selon le dire de Kant, ne peuvent pas être appliquées hors des limites de l’expérience et qui n’ont qu’un rôle régulateur, celui de rendre possible l’unité systématique de la connaissance, ces idées sont elles-mêmes Dieu, la pensée omni-motrice, omni-étendue qui est conditionnée et déterminée dans l’univers. » L’idéalisme absolu nous sauve du doute de l’idéalisme critique.

Reste le paralogisme psychologique de Kant. « Il tombe sous le sens, dit l’auteur, du point de vue de la présente étude analytique que la fonction de déterminer et de penser quoi que ce soit est elle-même une unité. Point n’est besoin, de nos jours, d’entrer en de longues discussions sur la simplicité substantielle du moi ou de l’âme pensante. Il nous suffit de reconnaître l’unité fonctionnelle de cette pensée. On ne songe nullement ici à discuter la question de l’immatérialité de l’âme, par la raison qu’on n’accepte point les conceptions, qui ont trop dominé dans le passé, touchant la matière. On n’éprouve aucune tentation, par conséquent, d’argumenter en faveur de l’immortalité, en prenant pour base la simplicité de l’âme considérée comme substance. Car nous ne connaissons rien de la matière que ce qui nous est donné dans le sens sous le double aspect : quantité et qualité. Nous sommes suffisamment satisfaits de dire de cette unité fonctionnelle, appelée Moi, qu’elle est. L’affirmation de l’existence, que nous appliquons aux choses phénoménales, est, à fortiori, vraie de la pensée fonction qui introduit dans le phénoménal l’ordre et la cohésion, et est la condition transcendantale de la possibilité de toute connaissance. Si l’existence de ce que l’on appelle la nature » est connue de moi, moi aussi je suis.

« Kant, s’attaquant à cette proposition que l’âme est une « substance simple, la critique et la rejette. Mais cette critique ne touche en rien cette affirmation que l’âme est une réalité fonctionnelle, de nature spirituelle, identique à elle-même, et comme telle une unité. Et même, bien qu’il ne soit pas permis d’affirmer les catégories des catégories elles-mêmes, nous pouvons les affirmer de l’unité pensante quand nous prenons celle-ci à son tour pour objet de pensée. En les appliquant de la sorte, nous trouvons que l’être — absolu — cause existe