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GAROFALO.l’anomalie du criminel

on s’aperçoit que quelques-unes de ces anomalies sont bien plus fréquentes chez les premiers, d’autres chez les derniers. Lombroso nous assure que la capacité cranienne chez les voleurs est moindre que chez les meurtriers. Mais à part ce trait, qui est quelque peu douteux, il a trouvé en grandes proportions, parmi les voleurs, les anomalies désignées sous les noms de submicrocéphalie, oxycéphalie et trochocéphalie. Il en esquisse ainsi la physionomie : mobilité remarquable du visage et des mains, l’œil petit et vif, les sourcils épais et rapprochés, le nez camus, le front presque toujours petit et fuyant.

Quant aux assassins, la grosseur des mâchoires et la longueur de la figure en comparaison du crâne sont des caractères très fréquents, et M. Ferri les a très bien expliqués au point de vue de l’école évolutionniste, comme de vrais cas de réversion, puisque, des mammifères inférieurs aux anthropomorphes, et de ceux-ci aux Australiens, aux nègres, aux Mongols, aux Européens, on remarque un développement progressif du crâne avec une diminution proportionnelle de la figure et des mandibules. Pour l’ensemble de la physionomie du meurtrier, voici l’esquisse que Lombroso en a faite, et qui présente un contraste frappant avec celle du voleur. « Il a le regard froid, cristallisé, quelquefois l’œil injecté de sang, le nez souvent aquilin ou crochu, toujours volumineux ; les oreilles longues, les mâchoires fortes ; les zigomes espacés, les cheveux crépus, abondants, les dents canines très développées, les lèvres fines, souvent des tics nerveux et des contractions d’un seul côté de la figure qui ont pour effet de découvrir les dents canines en donnant au visage une expression de menace ou un ricanement. »

Veut-on contrôler par sa propre expérience les affirmations de ces anthropologistes ? On n’a qu’à se rendre dans une prison et, à l’aide du signalement que je viens de résumer, on distinguera presque d’un coup d’œil les condamnés pour vol des condamnés pour meurtre. Je déclare pour ma part que je me suis à peine trompé deux fois sur dix. J’ajouterai que, comme Lombroso et d’autres, j’ai presque toujours remarqué les lèvres grosses et épaisses des auteurs d’attentats à la pudeur.

On est allé encore plus loin : M. Marro, dans un ouvrage qui vient de paraître, assigne des caractères particuliers rien moins qu’à onze classes de criminels ; mais il faut dire que les signes distinctifs les plus marqués ne sont pas tous physiques, et qu’ils sont même tirés pour la plupart de leurs penchants, de leurs usages, de leurs convoitises, du degré de leur intelligence et de leur instruction, etc.

Maintenant, pour ne pas nous éloigner encore des anomalies exclusivement physiques, on peut remarquer d’abord que la détermina-