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GAROFALO.l’anomalie du criminel

Thomson, sur 109 condamnés, en a trouvé 50 parents entre eux, et parmi ceux-ci 8 membres d’une même famille, qui descendaient d’un condamné récidiviste. Virgilio, sur 266 criminels, en a trouvé 195 affligés de ces maladies qui sont l’apanage des familles dégénérées, scrofules, caries, nécrose et phtisies, dont la plus grande partie tient à l’hérédité ; mais ce qui est encore plus important dans ses observations, c’est la transmission directe du crime par hérédité directe ou collatérale dans la proportion du 32, 24 pour 100 des condamnés qu’il a examinés.

Si l’on réfléchit maintenant au grand nombre de cas qui restent ignorés, soit par oubli, soit à cause de la difficulté des recherches sur l’hérédité collatérale, et de l’impossibilité dans laquelle on se trouve presque toujours d’étendre ces recherches au delà du grand-père, ces chiffres devraient suffire pour prouver la loi de la transmission héréditaire du crime. Mais il y a plus encore : le même savant que nous venons de citer a remarqué que, parmi 43 récidivistes (qui le plus souvent sont les vrais criminels), 42 avaient des caractères de dégénération congénitale.

M. Marro vient d’ajouter des observations très curieuses. Il a trouvé parmi les non-criminels 24 pour 100, et parmi les criminels 32 pour 100, de descendants de vieux parents ; les assassins, pris à part, montent au chiffre énorme de 52 pour 100, les meurtriers en général à 40 pour 100, les escrocs à 37 pour 100, pendant que les voleurs et les auteurs d’attentats aux mœurs restent au-dessous de la moyenne.

Il explique ces disproportions par les altérations psychiques de l’âge mûr, l’égoïsme croissant, l’esprit de calcul, l’avarice, qui doivent rayonner nécessairement sur les enfants, et leur donner une prédisposition aux mauvais penchants. C’est pourquoi les assassins, les meurtriers, qui ont peu de sentiments affectifs, et les escrocs, qui ont besoin de prudence et de duplicité, donnent des proportions d’un percentage si élevé, tandis que le vol en offre de bien inférieures, parce que ce vice dérive du penchant pour le plaisir, pour les orgies, pour l’oisiveté, qui est un des caractères de l’âge où dominent les passions.

Le même auteur a trouvé parmi les criminels une moyenne de fils d’ivrognes de 41 pour 100, et de 16 pour 100 parmi les non-criminels ; de 13 p. 100 parmi les premiers, ayant des frères condamnés, de 1 pour 100 parmi les autres. Il faudra nous attendre du reste à des conclusions toujours plus irrécusables. Comment pourrait-il en être différemment lorsqu’on songe que les transmissions des caractères dégénératifs sont les plus communes, et que même les adver-