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ties, en inspirant aux individus qui le composent de faire les uns envers les autres tout ce qui doit être fait et de ne faire rien de ce qui ne doit pas être fait, en vue de lui conserver le plus de santé possible, c’est-à-dire le plus de sainteté. Il n’y a donc pas plusieurs religions, mais il y a une religion qui diffère par ses degrés de développement selon le degré inférieur ou supérieur de développement du type de la société ; ce qui signifie : selon le sens que nous donnons aux mots inférieur et supérieur selon le plus ou moins de complication de la charpente sociale qu’elle doit lier. »

« … Que faut-il donc exiger d’un organe de la vraie religion ? Non pas d’être un monstre anti-social de fanatisme mystique et ascétique, ayant en lui plus du fou que du saint, et poursuivant le développement exagéré de sa personnalité par l’abandon des devoirs et des disciplines salutaires de la vie sociale, mais un être qui sympathise normalement avec l’humanité, qui se discipline systématiquement pour le bien de l’humanité et mène une vie salutaire et raisonnable, réprimant les excès de la conscience, et achevant ainsi de développer pour le mieux sa nature propre en en développant dans une saine mesure l’élément altruiste et moral de bonne qualité. »

Le livre de M. Maudsley est intéressant, abondant en idées comme tous ses autres ouvrages. Toutefois quelques critiques sont possibles. L’ouvrage a d’abord un défaut auquel l’auteur ne nous a pas habitués, il manque d’originalité ; nous connaissons déjà (je sais bien que c’est en partie pour les avoir déjà trouvées chez M. Maudsley) les principales conclusions du livre. Le surnaturel considéré comme une aberration de l’esprit, et l’extase envisagée comme un dérangement mental, cela n’est plus bien nouveau. M. Maudsley n’en a pas moins fait une exposition complète des différentes voies par lesquelles l’homme est arrivé à se faire illusion sur le monde extérieur ou sur les limites de ses connaissances.

De plus, je regrette que le nombre des faits cités soit aussi restreint et que la plupart des observations, je ne dis pas toutes, soient empruntées à des temps déjà éloignés où la nature des phénomènes, leurs résultats et leurs causes étaient généralement moins bien observés. J’espérais en ouvrant le livre de M. Maudsley y trouver une critique approfondie et précise du spiritisme contemporain. M. Maudsley nous prévient bien qu’il s’est fondé en Angleterre une société pour l’étude des apparitions, mais il ne mentionne ni ne critique les résultats obtenus.

À notre époque pourtant nous voyons abonder, je ne dirai pas le surnaturel, mais ce qui autrefois eût passé pour tel. Les recherches faites depuis quelques années sur le somnambulisme artificiel ont eu ce grand mérite de faire entrer dans la science positive un grand nombre de faits mal connus jusqu’ici et restés encore suspects. Mais on peut encore aller plus loin, le spiritisme a été très peu étudié scientifiquement. Cependant on est bien loin, à ce qu’il me semble, d’avoir rendu compte