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B. PEREZ.l’âme de l’embryon, etc.

parce que la mémoire des parents peut être influencée par la tendresse paternelle et maternelle. Mais n’avons-nous pas vu des savants oublier presque leur rôle de pères en observant les faits et gestes de leurs enfants ? Les noms de Tiedemann, Taine, Egger, Preyer, nous sont de sûrs garants que nombre de pères, en collaboration avec leurs femmes, pourront envoyer des notices tout à fait sérieuses.

Ils y seront, d’ailleurs, grandement aidés par la précision même du questionnaire qu’on les prie de remplir. Ce questionnaire est bien restreint, et c’est son plus grand mérite. Ce n’est, d’ailleurs, qu’un commencement ; le reste viendra à son heure. Tel qu’il est, je le recommande aux parents français, et aussi aux Sociétés fondées pour l’instruction de l’enfance, et même à notre Société de psychologie physiologique. Une enquête de ce genre, dirigée par des savants et des penseurs tels que les membres de cette savante société, pourrait faire l’œuvre que M. Ochorowicz attendait d’un grand congrès psychologique.

Voici, en tout cas, ce modeste questionnaire. « < Première série. Registre du développement physique : nom de l’enfant, nom et profession du père, lieu et année de la naissance du père, de la mère, de l’enfant. Poids de l’enfant à la naissance, à trois mois, à six mois, à un an. L’enfant est-il sain et robuste, ou non ? — Seconde série. Registre du développement mental. À quel âge l’enfant a-t-il commencé à manifester de la conscience, et de quelle manière ? Quand a-t-il commencé à pleurer ? À reconnaître sa mère ? À observer ses mains ? À suivre avec ses yeux la lumière ? À tenir la tête droite ? À se tenir avec ses pieds par terre ? À se trainer à terre ? À s’asseoir ? À se maintenir sur ses pieds ? À marcher seul ? À tenir un objet mis dans sa main ? À toucher et à prendre les jouets ? À se servir adroitement de la main droite ou de la main gauche ? À connaître la douleur, comme serait celle d’une piqûre d’épingle ? À montrer du plaisir et du dégoût à propos des saveurs ? À se montrer sensible aux sons ? À connaître la lumière de la fenêtre et à se tourner vers elle ? À avoir peur de la chaleur du poêle ? À parler ? Et qu’a-t-il commencé à dire ? Combien de mots, quels mots disait-il à un an ? À dix-huit mois. À deux ans ? » Les auteurs de ce questionnaire ont manifestement utilisé les travaux récents des psychologues et des physiologistes sur les divers points dont il est ici question. Que de chances de succès, je le répète, n’aurait pas une enquête de ce genre, non seulement inspirée, mais conduite par des savants et des psychologues de profession !

Les enquêtes dont les auteurs ne visent que le grand public n’en continueront pas moins à rendre de signalés services. Mais ils