Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIII.djvu/655

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
645
ANALYSES.f.-e. abbott. Scientific Theism.

contenter de noter que cet exposé a trait d’abord, ainsi qu’il a été déjà dit plus haut, aux fonctions motrices du cerveau ; puis vient la question, plus importante pour le psychologue, des troubles de la sensibilité générale consécutifs aux lésions expérimentales de la substance grise corticale ; puis celle, non moins importante au point de vue psychologique, des troubles des divers sens, vue, ouïe, odorat et goût ; on remarquera surtout l’étude approfondie que M. Soury a faite des recherches de Goltz, de Munk, et de leurs élèves sur les troubles visuels déterminés par les lésions de l’écorce ; enfin suit un chapitre intéressant sur les désordres de l’intelligence et du caractère produits par ces mêmes lésions.

Chemin faisant, M. Soury n’a garde de ne pas nous montrer ce que doit à Goltz la physiologie cérébrale : la distinction, adoptée aujourd’hui par tout le monde, entre les phénomènes d’inhibition ou d’arrêt, de nature transitoire, et les phénomènes de déficit, de nature permanente, les premiers étant causés par l’opération même, et durant plus ou moins longtemps suivant des conditions non encore complètement et exactement déterminées, les seconds résultant de la lésion destructive et durables (on saisit toute l’importance de cette distinction pour l’observation exacte des phénomènes présentés par les animaux en expérience et pour la détermination des fonctions réelles de tel ou tel territoire cortical) ; l’observation de ce trouble visuel désigné par les mots d’affaiblissement de la vision cérébrale ou mentale » ; — la démonstration de ce fait, « que l’écorce du cerveau est, dans toutes ses parties, l’organe des fonctions psychiques supérieures, de celles en particulier qui pour nous constituent l’intelligence » ; — la découverte de l’action profonde et absolument opposée que peut exercer sur le caractère des animaux l’ablation des parties antérieures ou postérieures du cerveau ; etc. De telle sorte que M. Soury a raison de rappeler combien sont justes les paroles que Goltz écrivait sur lui-même en 1879 : « Quoi que l’avenir décide touchant les questions que nous avons examinées, j’espère que l’on reconnaîtra que mes mémoires renferment un riche matériel de faits nouveaux. »

Eugene Gley.

Francis Ellingwood Abbott. — Scientific Theism. Londres, Macmillan, 1886.

Voici un livre qui va scandaliser bien des philosophes d’aujourd’hui. On y affirme l’existence et l’intelligibilité du noumène, de l’être en soi ; on y pose le monde extérieur comme réellement, substantiellement distinct des représentations subjectives. Et qui pis est, on y soutient son dire par des raisons assez plausibles et quelque rigueur de dialectique.

Dans une importante introduction, M. Abbott recherche les origines de l’idéalisme qu’il considère comme la philosophie dominante à notre