substantifie, qui hypostasie la partie de notre expérience réductible au mécanique, et qui en fait ainsi un tout se suffisant à lui-même, une sorte de réalité absolue.
Ce système n’est point une expression complète et compréhensive de notre propre expérience, car celle-ci nous montre à la fois et le processus mécanique et le processus conscient de l’appétition. Et ce ne sont pas là deux réalités disparates qui pourraient être indifférentes l’une à l’autre, mais c’est une même réalité en voie de développement qui se diversifie par la diversité des moyens de la saisir. La loi fondamentale de notre connaissance à double forme, c’est que le sujet, tel qu’il est organisé, ne peut jamais saisir son propre caractère et ses propres actes à la fois comme partie des faits de l’expérience extérieure et comme développement de vie intérieure. Si je me considère intérieurement, je me vois tendre au plus grand bien par un acte de volonté ; si je me considère extérieurement, ma volonté semble une simple résultante de mouvements antérieurs dans l’automatisme cérébral ; mais l’action volontaire est la révélation immédiate au sujet de la même activité réelle et foncière qui, pour un spectateur, apparaîtrait médiatement comme processus cérébral.
Aussi, au point de vue de la réalité fondamentale, la nécessité de la loi mécanique conçue par nous et par nous formulée n’est pas plus objectivement réelle que la nécessité impliquée dans la relation des moyens aux fins. Cette dernière relation, il est vrai, ne peut trouver place dans le mécanisme de la matière à titre d’explication scientifique, ni pour expliquer une partie, ni pour expliquer le tout. Mais, dans le domaine de l’appétition consciente ou de la volonté, de la conduite et de la pratique, la finalité immanente a évidemment une place, et une place aussi assurée que celle de la nécessité mécanique dans le royaume de la matière. Il est certain que j’écarte ma main de la flamme parce que la brûlure me cause une douleur et que je ne veux pas souffrir ; toutes les explications mécaniques n’empêcheront pas celle-là d’être en même temps vraie et, en dernière analyse, d’être la plus vraie. Au point de vue métaphysique, la finalité immanente a donc, elle aussi, son fondement objectif, en raison de l’unité profonde qui, sous la diversité même de notre expérience, constitue le substratum commun des phénomènes matériels et des phénomènes mentaux. Tout, à l’origine, n’était pas uniquement et exclusivement mécanique, même en dehors de nous, puisque dans la nature un être apparaît, à savoir nous-mêmes, qui sent, veut, pense, cherche le plaisir, fuit la douleur, et trouve aussi raisonnable de vouloir ce qui est bon, ce qui contribue au bonheur (finalité interne), que de relier un mouvement au