représentation mentale consciente, et par conséquent le conflit de représentations que nous venons de signaler ne se produit pas.
Il faut même aller plus loin et dire que l’expérimentateur pour provoquer l’automatisme doit amener le sujet à produire des phénomènes psychologiques volontaires. En voici la preuve. J’ai cherché longtemps en vain à provoquer l’automatisme chez une personne de cinquante ans qui ne pouvait pas s’absorber dans une lecture pendant les expériences ; elle ne comprenait pas ce qu’elle lisait, car son attention se concentrait sur sa main. Un jour, j’eus l’idée de lui faire faire à haute voix une série d’additions ; elle y réussit, et pendant qu’elle comptait, l’automatisme de la main se montra pour la première fois. Cette expérience m’a démontré que l’état de l’attention peut avoir une grande influence sur les mouvements automatiques.
Il est vrai que lorsque ces mouvements ont été fortifiés par de nombreuses répétitions, il arrive un moment où ils se produisent dès qu’on met une plume dans la main du sujet, et quel que soit son état mental, que son attention soit fixée ailleurs ou errante. Mais il est très souvent possible, même chez des sujets entraînés, de constater que l’orientation de l’attention n’est pas devenue une chose indifférente pour la production de l’automatisme. Voici par exemple ce que j’ai vu maintes fois : avertissez la personne que lorsqu’on communique un mouvement à sa main, sa main a une tendance aie répéter, à le continuer ; priez-la instamment d’arrêter ce mouvement spontané et de se borner à suivre celui de l’expérimentateur ; puis cherchez à provoquer les mouvements automatiques chez le sujet qui a les yeux fermés ; tout d’abord rien ne paraît modifié ; le sujet a besoin de temps pour reprendre possession de ses membres, et soumettre à son contrôle des mouvements qui y échappaient jusque-là ; bientôt ces mouvements deviennent beaucoup plus faibles, et quelquefois, mais plus rarement, tout à fait nuls, Il est bien difficile d’interpréter cette diminution des mouvements automatiques autrement que comme une action d’arrêt produite par la volonté. Maintenant, continuons l’expérience en priant ce même sujet d’arrêter les mouvements de sa main tout en exécutant à haute voix une série d’additions difficiles (par exemple additionner deux chiffres, puis ajouter au total le chiffre le plus fort, et ainsi de suite), presque aussitôt les mouvements automatiques augmentent de force ; chez quelques personnes, il semble qu’il y a comme un ressort qui se détend. L’attention du sujet ne peut plus arrêter le mouvement automatique de sa main, parce qu’elle est elle-même suspendue, gênée dans son exercice par l’obligation qu’on impose au sujet de