diminuant l’intensité physique de l’excitation ; ainsi lorsqu’on fait lire au sujet des lettres de plus en plus petites, ou si on éloigne progressivement une échelle typographique, il arrive un moment où le sujet ne peut plus rien lire ; c’est la limite de la perception consciente ; mais l’écriture automatique montre que la lecture continue à se faire dans un mode inconscient. La seule raison qui explique l’inconscience de cette impression, c’est le défaut d’intensité de l’excitation physique. Je m’en tiens à ce fait qui est caractéristique. Je ne le généralise pas, je ne dis pas que toute impression inconsciente est un état faible, je dis seulement que lorsqu’un sens est conservé, on peut cependant provoquer des sensations inconscientes de ce sens en diminuant l’intensité de l’excitation. M. Pierre Janet, dans notre discussion récente au Congrès, m’a fait deux objections ; l’une est déjà dans son livre, la voici : « Quand peut-on dire qu’une personne a une sensation forte… si ce n’est quand elle apprécie des détails minimes de l’impression causée sur ses sens ? » Ainsi, si je comprends bien l’auteur, le personnage inconscient, qui lit des lettres plus petites que le personnage conscient, aurait des sensations plus fortes. C’est là, à ce qu’il me semble, une erreur de mots. La sensation n’est pas plus forte, elle est plus fine, plus délicate. La sensibilité de ce personnage est, si l’on veut, plus vive, plus forte, et c’est précisément pour cela qu’elle lui permet d’apprécier des excitations plus faibles. Il n’y a au fond de tout cela qu’une stérile dispute de mots. Le second argument de M. P. Janet consiste à dire qu’il n’existe pas de différence d’intensité entre les états de conscience. Sur ce point, aucune discussion n’est possible, car ce n’est qu’un appel à la conscience ; mais pour le satisfaire, je puis facilement changer les expressions que j’emploie et au lieu de dire sensations faibles, je dirai : sensations produites par des excitations extérieures de faible intensité.
Les chapitres qui suivent contiennent la théorie de l’auteur sur la désagrégation intellectuelle ; nous allons y revenir, et pour le moment nous n’extrairons de ces chapitres que le fait suivant, très bien observé et très important : il y a continuité par la mémoire entre le somnambulisme et les actes subconscients de l’état de veille. « Les existences psychologiques simultanées, que nous avons été obligé d’admettre pour comprendre les anesthésies, sont dues à cette persistance plus ou moins complète de l’état somnambulique pendant la veille[1]. »
Le chapitre sur les paralysies et les contractures hystériques est particulièrement intéressant. La thèse de l’auteur se résume en ces deux points : la paralysie hystérique est une amnésie, et cette amnésie est produite par la désagrégation mentale. Nous étions arrivés récemment aux mêmes résultats, et nous avions rédigé sur la paralysie hystérique une étude qui devient désormais inutile. Il nous paraît absolument exact que sauf dans les cas où il ne s’agit pas d’une para-
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