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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIX.djvu/242

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ainsi et qui impose, comme toujours, son opinion à la plus abstruse philosophie.

Mais dire qu’une question est insoluble, c’est simplement affirmer qu’elle est l’objet d’hypothèses invérifiables. Actuellement, les problèmes philosophiques sont tous dans ce cas. L’hypothèse invérifiable est ici la règle, la méthode dominante, soit qu’il s’agisse de questions qui s’étendent à la totalité de l’être, ou seulement de problèmes particuliers qui, écartés par la science, ont trouvé un refuge dans la philosophie, ce réceptacle commun de toutes les questions insolubles, cet habitat constant de toutes les suppositions invérifiables.

La philosophie a cependant toujours aspiré à secouer le joug de l’hypothèse universelle, et une foule de problèmes ont déjà fait retour aux sciences particulières à mesure qu’elles s’enrichissaient d’observations exactes. Ce mouvement doit s’accentuer et s’étendre de plus en plus. Il faut que la philosophie élimine de son sein tous les problèmes spéciaux, quelle que soit leur origine ou leur nature. C’est alors seulement que se dissipera l’illusion maîtresse qui consiste à croire qu’une insolubilité radicale ou organique s’attache à certains problèmes sans devenir nécessairement pour cela le lot de tous les autres ; et c’est alors seulement qu’on pourra rejeter l’hypothèse universelle ou invérifiable comme un levier fantastique qui ne trouve nulle part de point d’appui.

M. Renouvier ne partage aucune de ces espérances, comme il ne partage aucune des vues sur lesquelles elles se fondent. Mais il est parfaitement d’accord avec nous sur un point dont l’importance n’échappera à personne. Comme nous, il croit que le savoir philosophique a toujours consisté, en dernière analyse, en une série d’hypothèses aussi générales qu’inconciliables ; et comme nous, c’est sur le rôle de l’hypothèse dans la structure intime des systèmes philosophiques qu’il édifie leur classification rationnelle. Sa double série d’antinomies insolubles est explicitement une série de suppositions universelles diamétralement opposées et notoirement invérifiables.

Le critérium adopté par M. Renouvier nous semble défier toute contradiction. Mais on peut s’en servir en se plaçant à un point de vue exclusivement psychologique, et on peut en user en sociologiste.

Le premier procédé consiste à attacher une importance exagérée à certaines questions que la psychologie actuelle se déclare impuissante à résoudre, mais qui n’en demeurent pas moins des problèmes manifestement psychologiques. C’est le cas de M. Renouvier. Il ne