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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIX.djvu/256

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c’est leur confusion qui a été le caractère le plus général de la philosophie ancienne.

La connaissance métaphysique a toujours vaguement ambitionné le titre de connaissance scientifique, et la philosophie moderne s*en est parée avec ostentation comme de dépouilles opimes prises à l’ennemi dans une lutte longue et acharnée. Il y a, en effet, cette différence entre l’ancienne métaphysique et celle des positivistes, des évolutionnistes et des criticistes modernes, que, tandis que la première laisse encore planer une certaine obscurité sur les rapports de la science avec la philosophie, la seconde pose nettement le principe de leur identité parfaite. Toutes deux, croyons-nous, se sont abusées : l’une, pour n’avoir pas aperçu la véritable ligne de démarcation entre ces deux espèces fondamentales d’un seul et même genre, et l’autre pour lavoir complètement effacée. La vérité nous paraît être située entre les deux positions occupées par l’ancienne et la nouvelle métaphysique : il existe, entre la science et la philosophie, un rapport d’identité indiscutable, mais cette identité est générique, et non pas spécifique.

Partant de l’idée préconçue, que la philosophie est une science comme les autres, on lui a interdit la déduction des causes générales des phénomènes de leurs causes particulières ; on a soutenu que c’est, au contraire, celles-ci qui se déduisent de celles-là ; on a affirmé que les causes générales ne peuvent être qu’induites des causes particulières ; on a conclu enfin que, l’induction étant une opération mentale foncièrement hypothétique, toute philosophie se suicide en rejetant l’hypothèse.

Tout cela demeure inattaquable tant qu’on se refuse à admettre que si l’idée générique de connaissance est essentiellement constituée par les caractères identiques des deux espèces qu’elle sert à unifier, cette même idée est absolument vide de toute signification une fois qu’on passe aux caractères différentiels de ce espèces.

Ces différences existent néanmoins. On n’en saurait douter. Nous ne les connaissons point ou nous les connaissons mal ; mais ce n’est là qu’une raison de plus pour chercher à combler cette lacune en employant, sur le terrain psychologique, les méthodes ordinaires de la science spéciale, en construisant des hypothèses qu’on tâchera ensuite de vérifier par les faits. On fera même très bien, peut-être, de débuter par l’hypothèse diamétralement opposée à l’opinion qui a prévalu jusqu’ici, — on fera bien de supposer, par exemple, que s’il est absurde de vouloir déduire, dans la science, le général du particulier, ou d’y faire des généralisations quelconques sans le secours