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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIX.djvu/356

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mais il demeurerait toujours en dehors des réalités ; il ne pourrait concevoir ces dernières qu’en se représentant d’autres états subjectifs plus fondamentaux, avec d’autres lois subjectives dont les mouvements visibles ne seraient que la figuration. Ce qui est pour le moi expérience interne, par exemple un plaisir ou une douleur, devient sans doute, pour l’observateur du dehors, changement mécanique, événement objectif, mais la question est de savoir de quel côté est le signe et de quel côté est la chose signifiée. Le signe, c’est le mouvement, avec ses changements de position dans l’espace entre des particules recouvrant quelque chose qui nous échappe ; car tout cela est formel, extérieur, réductible à de simples rapports qui expriment et signifient des relations plus profondes, inaccessibles à l’observateur. La vraie réalité signifiée, au contraire, est dans le mental, puisque ma douleur ou mon plaisir ne peuvent être une pure apparence.

Si donc nous voulons rétablir à la fois l’harmonie et la hiérarchie entre l’extérieur et l’intérieur, il faut conclure que le mouvement physique est l’abstrait et le substitut de changements internes, plus ou moins analogues à nos changements de sensation ou d’action. Au lieu d’être la réalité, le mouvement ne sera ainsi qu’un mode de représentation symbolique, répondant à quelque réalité analogue à ce que saisit en soi-même la conscience, quand elle se réduit à ce qu’elle a de plus rudimentaire et de plus pauvre.

Au reste, s’il était vrai que tout, extérieurement, se ramenât à des mouvements transformés, — simples transports à droite de ce qui était à gauche, à gauche de ce qui était à droite, en avant de ce qui était en arrière, en arrière de ce qui était en avant, — comment comprendre que des figures de danse tout extérieures, non accompagnées d’aucun changement interne, produisissent dans la sensation ces différences profondes et intimes qu’on nomme plaisir et douleur, lumière et ténèbres, son et silence, froid et chaleur, etc. ? Les qualités des choses seraient alors une vraie création de la conscience, puisqu’il n’y aurait au dehors que des rapports changeants de quantités ; pour n’avoir pas voulu attribuer à la conscience une efficacité, on lui attribuerait un pouvoir créateur. Si on nous objecte une fois de plus que les qualités sont des « reflets » dans Je miroir de la conscience, alors le reflet sera infiniment plus riche que l’objet reflété : il sera une nouveauté et une création par rapport à lui il est bien plus vraisemblable que ce qui se passe en nous est le prolongement, la condensation, l’exaltation de ce qui se passait déjà au dehors ; c’est une composition et une combinaison de qualités déjà données en leurs éléments distinctifs et caractéristiques. La sensa-