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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIX.djvu/386

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inconnu précisément parce qu’il est supposé extérieur, ce monde qui, d’après les termes mêmes de l’hypothèse, resterait foncièrement étranger au monde de la conscience, comment ce monde serait-il cause des faits de conscience ? La cause ne doit-elle pas être, dans la mesure où elle est cause, de même nature que l’effet ? Donc, encore en dépit des affirmations de la métaphysique vulgaire, ne sortons pas du monde des phénomènes de conscience, du monde strictement scientifique, si nous voulons trouver des relations de cause et effet. Nulle part ailleurs, elles ne seraient intelligibles, et ici au contraire elles sont pleinement justifiées. La science phénoménale peut donc répondre à toutes les exigences de la pensée, quand elle est mise en demeure de donner l’explication causale de chaque chose.

La question du pourquoi des choses s’impose à l’esprit aussi bien que celle du par quoi, et il a été fort bien montré qu’on ne saurait la négliger sans se condamner à une connaissance incomplète. Mais ne l’embarrassons point de difficultés gratuites, et ne croyons pas qu’elle puisse, plus que les autres questions, faire sortir l’esprit du domaine de la science phénoménale. La fin, la destination, le pourquoi d’un fait, mais c’est tout simplement le fait qui lui succède et le remplace. Il faut raisonner ici comme au sujet de la cause, car nous restons en somme dans la même catégorie intellectuelle. Principe de finalité et principe de causalité ne représentent que les deux aspects d’un même principe. Il y a une détermination finale, comme il y a et parce qu’il y a une détermination causale. Un fait existe pour le fait qu’il détermine, comme nous avons vu qu’il existe par le fait qui le détermine. S’il est vrai que chaque fait a son origine dans le fait qui se prolonge partiellement en lui, il est également vrai qu’il a sa fin dans le fait en qui il se prolongera partiellement lui-même. Nous ne comprenons pas qu’une chose soit sans but, c’est-à-dire qu’elle soit pour rien, qu’elle se perde, et voilà pourquoi nous regardons au delà de son existence, dans une autre existence qui en recueille ce qui peut être recueilli. Or, pour cela, le monde phénoménal suffit parfaitement, et c’est bien de la science proprement dite que relève cette question.

Mais ne serait-ce pas assez pour la pensée que cette détermination finale ? À côté d’elle, ou à sa place, ne faudrait-il pas en chercher une autre ? Ne faudrait-il pas encore concevoir le but d’un phénomène comme un but préconçu, et son « appropriation au futur » comme une appropriation intellectuelle et voulue ? Il est vrai que des fins de ce genre se rencontrent souvent, aussi souvent que notre volonté intervient pour décider de l’avenir, et cela se produit dans une mesure beaucoup plus large qu’on ne le pense ordinairement. Mais ces fins intellectuelles et volontaires ne cessent pas d’être des