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sujet… Supposons maintenant qu’un tel intérêt existe,… il faut un arrangement des causes, non pas seulement une rencontre confuse et quelconque, mais une rencontre précise et limitée. » — À cela nous répondrons que la rencontre des causes, n’étant rien par elle-même, ne réclame pas une explication indépendante de celle des diverses causes. Elle se produit quand ses termes, c’est-à-dire les diverses causes, se produisent, et parce qu’ils se produisent. Elle ne constitue pas un objet à part pour la science. Une fois les causes individuellement expliquées, leur rencontre, leur combinaison, ou mieux encore leur succession, est également expliquée. D’ailleurs l’explication individuelle des causes comporte plus de choses qu’on ne paraît le croire. Elle s’étend au rnoment et au mode de leur apparition aussi bien qu’à leur nature intime. Ou plutôt, de l’explication de leur nature dépend celle de tout le reste. Ce n’est pas une cause quelconque qui entre en jeu à tel moment, c’est la seule cause qui par sa nature pouvait et devait y entrer. De même, il n’est pas vrai de dire que « la cause efficiente, en tant qu’efficiente, est susceptible de prendre des millions de directions différentes » : au contraire, la nature lui impose une direction, et une seule. De même encore, il n’y a pas à restreindre « le champ illimité des effets indéterminés », car il n’y a point d’effets indéterminés, ils ont tous leur destination propre comme leur origine propre, le principe de causalité et de finalité l’exige. Ainsi, quand on n’arrête pas trop tôt l’analyse, on s’aperçoit que la détermination immédiate ne laisse rien sans explication, et qu’elle comprend la rencontre des causes aussi bien que les causes elles-mêmes. — Et l’intérêt des êtres ? Nous semblons, il est vrai, ne pas le prendre en considération, et la convergence des phénomènes doit être expliquée, nous dit-on, au point de vue de cet intérêt. Mais, encore ici, pourquoi y aurait-il une nouvelle question ? L’intérêt des êtres, ce ne peut être, n’est-ce pas ? que la formation, la conservation, ajoutons, si l’on veut, l’enrichissement, des divers organismes, psychiques ou physiques ; à notre point de vue, il suffit de dire : la formation de certains groupes de faits de conscience. Or la formation des groupes s’explique suffisamment par la nature des faits groupés. Selon la nature des faits, le groupe se produit ou ne se produit pas, se produit de telle manière ou de telle autre manière. On n’a pas à le considérer en lui-même. Nous revenons ainsi aux explications individuelles pour lesquelles la détermination immédiate suffit.

Nous n’aurons pas à raisonner autrement en discutant la question plus générale qui nous attend. Après l’existence des choses individuelles, il faut considérer l’existence de l’ensemble, et c’est sur-