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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIX.djvu/400

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supplie, viens me voir, viens me consoler et pleurer avec moi. Et vous, mon oncle, venez aussi voir dans quel état je suis, comment je suis devenu. Je cesse, parce que les larmes m’empêchent de voir, en vous baisant les mains et en vous priant de ne pas oublier votre misérable neveu. » Dans une autre lettre, adressée au juge d’instruction, il peint le remords qui l’accable : « …Je me rappelais, non sans bien des larmes, le temps où je pouvais marcher fier et la tête haute… J’entendais la voix de mon père me demander ce que j’avais fait du nom qu’il m’avait transmis pur et sans tache… La conscience n’est pas le fantôme de l’imagination ou la peur du châtiment des hommes ; non, chaque homme a, au milieu du cœur, un tribunal où il commence par se juger lui-même, en attendant que l’arbitre souverain confirme la sentence. Le vice n’est pas une conséquence physique de notre organisation, car, si cela était, pourquoi le remords est-il si terrible ? » L’accusé connaissait les théories qui font résulter la criminalité des fatalités de l’organisme ; il aurait été heureux d’y trouver une excuse de son forfait et cependant il repousse cette explication qui diminuerait l’indignation que ses parents eux-mêmes ressentent contre lui. Le crime qu’il a commis est horrible : avec un autre négociant de Marseille, il a formé le projet d’assassiner son ami Grégo pour s’emparer d’une somme de 50,000 francs. Ils songent d’abord à l’attirer dans un jardin, au Prado, à le frapper là d’un casse-tête et à le jeter ensuite à la mer. La location du jardin ayant manqué, Toledano cherche à se procurer du poison ; n’ayant pu en obtenir, il s’arrête à l’idée d’attirer son ami dans un magasin qu’il loue à cet effet, après s’être assuré que les cris partis du fond du magasin ne seront pas entendus des voisins. Pour l’aider dans la perpétration de son crime, il achète la complicité d’un portefaix qui doit frapper avec lui la victime ; il se procure une corde de chanvre, un cordon de soie et un assommoir après s’être bien rendu compte de leur solidité. Tous ces préparatifs exécutés, la victime est attirée un soir dans ce magasin, on lui jette aussitôt un lacet autour du cou et on le frappe à la tête avec l’assommoir. Les assassins, après s’être assurés que la victime est bien morte et lui avoir asséné un dernier coup, lui prennent les clefs du coffre-fort et, les mains encore couvertes de sang, ils-se rendent à son domicile pour s’emparer des 50,000 francs qu’ils convoitent. Voilà un crime qui est horrible, dont la responsabilité est lourde à porter ; accablé sous l’ignominie de son crime, l’accusé voudrait bien pouvoir la rejeter en disant qu’il a été poussé au crime par une force irrésistible, mais il lui est impossible de balbutier une excuse semblable. Peut-on trouver une preuve plus forte de la