Passons aux faits. L’enquête de M. Galton porte sur les particularités suivantes : la taille, la couleur des yeux, la faculté artistique, les maladies. Ses données sont prises, pour la plus grande part, de réponses à un questionnaire détaillé qu’il avait fait circuler dans le public sous la forme d’un concours avec prix, au délai du 15 mai 1884. Elles sont prises, en outre, d’observations spéciales concernant la taille entre frères, recueillies par des correspondants sûrs ; et enfin d’un grand nombre de mesures, environ 10,000, faites au laboratoire anthropométrique de l’auteur, pendant l’exposition internationale d’hygiène de cette même année 1884. D’autres données, toutes spéciales, proviennent d’expériences sur les graines de pois de senteur, imaginées par lui, il y a plus de dix ans.
La taille a fourni à M. Galton, sans contredit, le meilleur sujet d’étude. La taille d’un individu dépend de nombreux éléments, environ cinquante os, les cartilages, les parties charnues. Or, plus grand est le nombre des éléments variables, plus la variabilité de leur somme sera près d’avoir un caractère « normal ». La belle régularité qu’on trouve dans les tailles d’une population, quand elles sont rangées par la statistique dans l’ordre de leur grandeur, est due justement au nombre d’éléments variables et quasi indépendants dont la taille est la somme[1]. Une question préalable se pose, à savoir quel rôle joue la sélection dans le mariage, quelle influence exercent sur le choix des époux la taille, la couleur des yeux, les goûts artistiques, etc. Elle est négligeable, ce qui n’a guère lieu d’étonner, écrit M. Galton, car le mariage est une affaire sérieuse, dont la fantaisie, à l’ordinaire, ne décide point. Une chose plus étrange, c’est que le caractère bon ou mauvais n’influe pas plus sur le choix que les qualités physiques. Dans un groupe de 111 couples, on trouve par le calcul que le mariage entre personnes de caractères différents ou opposés se présente aussi fréquemment qu’il se produirait en appariant au hasard les mâles et les femelles.
Les données concernent, pour la taille : la taille moyenne de la population, la variabilité de la population, la variabilité des « Parents moyens[2] », la variabilité dans les « co-fraternités » (fils et filles
- ↑ Un désavantage, en revanche, est la faible variabilité, une moitié de la population différant de moins 1/7 pouce de la moyenne. La taille moyenne de la population (P) considérée est de 68 1/4 pouces.
- ↑ Faute de documents suffisants pour aborder la question en considérant à part les deux parents, M. Galton porte dans ses tables le Parent moyen, soit une personne idéale de sexe composite, dont la taille est à moitié chemin de celle du père et de celle de la mère (celle-ci étant transposée selon une règle connue, vu la différence normale qui existe entre les sexes). Sa méthode, dit-il, est pleinement justifiée. Si la taille des enfants, en effet, dépend seulement de la taille