la vie. Que devient la sanction ? Elle est dans le progrès même. Et l’obligation ? Elle ne s’impose pas, mais ceux qui n’ont pas cet idéal sont inférieurs aux autres. Au surplus, quoique pouvant s’étendre jusqu’à un certain point à tout le monde, le progrès est chose essentiellement sélective et aristocratique. Favoriser la formation d’un type supérieur de l’humanité, sans s’inquiéter de la masse des individus qui la composent, telle est la formule de la religion évolutionniste.
E. Morselli. Les théories de l’hérédité selon G.-C. Vanini. — Il admettait l’hérédité physique et morale. La transmission des caractères des parents est absolue, c’est une nécessité biologique. Point d’exception à la loi de transmission héréditaire des inclinations naturelles de l’esprit. Remarquable pour l’époque où il vivait est sa doctrine touchant les rapports de l’hérédité psychologique avec l’hérédité morphologique. C’est des qualités des « humeurs » que dépendent les vertus et les vices. Ce qui produit les humeurs vicieuses, c’est la semence, l’imagination durant le coït, l’éducation, l’influence des astres, la constitution de l’atmosphère, de l’alimentation, etc. Il y a là peu de chose à changer pour avoir une explication qui satisfasse un philosophe et un naturaliste. Le « milieu générateur et interne », de Lamarck, Bernard et de Lanessan ; le « milieu social et psychologique » correspondant aux conditions générales biologiques de Spencer ; le milieu physico-naturel extérieur, tout y est. En somme, tous les désordres moraux et toutes les imperfections intellectuelles sont le résultat des imperfections de l’organisme, et dans l’immense majorité des cas, d’origine héréditaire. N’est-ce pas là la doctrine qui domine aujourd’hui toute la pathologie mentale ? Ajoutons que Vanini était tellement convaincu de sa théorie sur les effets de l’imagination, qu’il s’écrie : O utinam (hoc erat somnium) extra legitimum ac connubialem thorum essem procreatus ! Ses parents étaient de pacifiques époux, et pratiquaient tranquillement et normalement l’acte sexuel : et voilà pourquoi lui manquèrent les beaux dons de l’esprit, la vigueur du corps et l’élégance des formes.
E. de Marinis. Un philosophe positiviste italien : Andréa Angiulli. — Andréa Angiulli a su éviter les exagérations du positivisme et du matérialisme, aussi bien que les hypothèses et les entités transcendantales pour expliquer la vie et ses transformations, et parvenir à une conception cosmique purement moniste. La question se réduit essentiellement pour lui (voir son beau livre La fîlosofia e la scuola) à une plus exacte détermination de la loi d’évolution. Le fait mécanique de l’évolution implique la production de différences qualitatives. À ce point de vue généralisé se rattachent le problème de la connaissance, le problème de la métaphysique et celui de la morale, celle-ci couronnée par la sociologie. Voilà toutes les parties de la philosophie scientifiquement reconstituées dans leur méthode et dans leur contenu. Le savoir est un, comme la nature est une. Cet ouvrage important, qui sera le