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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XXIX.djvu/459

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LA MÉTAPHYSIQUE DE M. WUNDT[1]


La publication par M. Wundt d’un système général de philosophie, dans lequel la métaphysique occupe, comme il le dit lui-même, une position centrale, était, il nous semble, un fait depuis longtemps prévu. La Psychologie physiologique, malgré son caractère expérimental et positif, se terminait par l’esquisse déjà assez nette d’un système ontologique. Au moment de conclure son premier grand ouvrage philosophique, M. Wundt semble avoir tenu à prouver qu’il avait une philosophie générale et même il a voulu nous faire pressentir quelle était cette philosophie : le monde se compose d’un nombre infini d’êtres simples, semblables par leur essence à celui que l’observation psychologique nous révèle en nous-mêmes, ces êtres entrent en rapport les uns avec les autres, ils se groupent pour former des touts, des unités d’ordre supérieur : conception qui rappelle singulièrement la Monadologie de Leibniz et le système des « Reale » de Herbart.

Dans la Logique et dans la Morale ce système prend des contours mieux accusés. Dans la Logique l’essence de l’être pensant paraît être une activité, un Wille. Si le sujet pensant n’est pas une substance, il est au moins, comme la monade de Leibniz, une unité de force. La volonté est la grande loi de l’esprit : non seulement les opérations supérieures de la pensée, mais même, dans une large mesure l’association, la perception sont des actes de l’esprit. La volonté fait même sentir son action en dehors du domaine de l’esprit, elle étend son empire jusque sur la nature ; elle ne se manifeste pas seulement par les créations de l’industrie et de l’art, l’organisation du vivant est au moins en partie son œuvre[2]. Dans l’éthique nous retrouvons la même conception dominante : la personne humaine est une volonté, et c’est même ce qui l’empêche de s’absorber dans la per-

  1. D’après System der Philosophie, Leipzig, 1889.
  2. Voir Logique, vol.  II, p. 471 : Nicht das geistige Leben ist ein Erzeugniss der physischen Organisation, sondern diese ist eine geistige Schöpfung.